Annales des Mines (1898, série 9, volume 14) [Image 61]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

114

MÉTHODES D'ANALYSE MINÉRALE

Emploi de l'hydrogène sulfuré par voie sèche dans les analyses Depuis longtemps Ebelmen a conseillé l'emploi de l'hydrogène sulfuré par voie sèche dans les ,analyses minérales (**). Il a montré que cette méthode de sulfuration pouvait être utilisée pour la séparation de certains corps, soit lorsque l'un des sulfures est volatil, soit lorsqu'il est inattaquable par les acides, à l'exclusion des autres sulfures formés en même temps que lui. C'est ainsi qu'il a pu séparer : 1° le fer ou l'étain de l'arsenic, dont le sulfure est entraîné par le courant gazeux; 2° le manganèse du cobalt ou du nickel, dont les sulfures résistent bien à l'action de l'acide chlorhydrique étendu et froid, tandis que le sulfure de manganèse s'y dissout complètement.

Cette méthode, trop négligée depuis Ebelmen, me paraît mériter d'être rappelée à l'attention des chimistes.

Je me propose de montrer ici. comment elle peut être appliquée non seulement à la séparation, mais aussi au dosage d'un assez grand nombre de métaux. L'appareil, que j'emploie et qui est ,d'un usage-. très commode, est celui que H. Rose a recommandé pour les

réductions par l'hydrogène. L'acide sulfhydrique, préparé par la réaction de l'acide chlorhydrique sur le sulfure de fer, traverse un flacon laveur à demi rempli d'eau, se

dessèche sur du chlorure de calcium et vient agir sur la matière placée dans un petit creuset de porcelaine fine, qu'on chauffe au degré voulu au moyen d'une lampe à gaz.

Ce mode de sulfuration, appliqué à l'analyse, est, dans (*) Académie des Sciences, 21 juillet 1879. (**) Annales de Chimie el de Physique, 1849.

MÉTHODES D'ANALYSE MINÉRALE

'115

bien des cas, préférable à la fusion avec du soufre. Les matières restent longtemps pulvérulentes et l'action se continue entre des limites de température très écartées. En chauffant très doucement au début, on peut expulser, sans aucune perte de métal, en présence du gaz sulfurant, les dernières traces de sels ammoniacaux laissées par un lavage incomplet des précipités. A une température plus élevée, l'action simultanée de l'hydrogène et des vapeurs de soufre provenant de la dissociation. du .gaz sulfhydrique réussit à sulfurer entièrement des composés métalliques, tels que des oxydes, carbonates ou sulfates, dont la transformation par le soufre seul ne pourrait devenir complète qu'au moyen de fusions répétées. Aussi l'emploi du gaz sulfhydrique peut-il quelquefois remplacer l'emploi des sulfures alcalins à haute température, qui présente de graves inconvénients dans les analyses.

Les composés du manganèse peuvent être facilement transformés en sulfure MnS, tenant 0,6322 de son poids de métal. Ce sulfure, de couleur verte, présente, même sans avoir été fondu, une composition constante, pourvu que l'on ait chauffé jusqu'au rouge et laissé refroidir dans le courant gazeux. Les composés du fer sont également sulfurés ; mais la proportion de soufre est variable et toujours plus élevée que dans le protosulfure FeS. Pour arriver à cette dernière formule, il convient de faire succéder au gaz sulfhydrique un courant d'hydrogène pur et de terminer la calcination au rouge vif. Le cobalt ne donne pas non plus un sulfure de composition fixe : suivant la température, le produit tire sur le jaune de laiton ou sur le blanc d'étain et se rapproche plus ou moins de CoS ou de Co3S. La réduction dans l'hydrogène n'arrive pas non plus à fournir un composé toujours identique.