Annales des Mines (1898, série 9, volume 13) [Image 306]

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CONCLUSIONS GÉNÉRALES

604 RECHERCHE ET EXPLOITATION DE L'OR EN GUYANE

Loin d'être arrivée au terme de la période initiale, commune à tous les pays favorisés par la présence de l'or, période caractérisée par l'exploitation des placers, la Guyane n'est encore qu'au début de cette époque, caractérisée par l'écrémage des placers riches, au moyen de procédés tout à fait primitifs. Ces placers riches ne sont que très partiellement explorés, et il est indubitable que, sauf dans la zone immédiatement limitrophe des rivières navigables, il existe des quantités

de gisements riches, qui n'attendent que la création de moyens de communication, pour être immédiatement mis en oeuvre. Je me suis attaché, en outre, à mettre en évidence les ressources inconnues j usqu'ici, que le pays doit trouver, indépendamment de l'exploitation des placers, dans la voie nou-

velle de la recherche et de l'exploitation d'autres forma-

tions secondaires du métal précieux, conglomérats et surtout Roche à Ravets, dont la valeur avait été jusqu'à présent complètement méconnue. L'immense développement de cette formation, l'extrême facilité que présente

la recherche de cette roche, par suite de sa position superficielle, enfin la facilité d'extraction de l'or qui s'y

trouve à l'état libre, tout contribue à donner à cette nouvelle source de production aurifère une importance majeure, que je suis heureux d'avoir été le premier à signaler nettement à l'attention des exploitants. On trouvera dans ce nouveau genre d'exploitation un passage tout naturel des travaux de placers proprement dits qui, par définition même, sont des travaux instables, à l'industrie des mines proprement dite. L'exploitation des alluvions aurifères demande sans cesse des chan-

gements dans les chantiers et exige constamment des recherches et des découvertes nouvelles pour assurer l'avenir. Les travaux miniers présentant un caractère permanent, comportant des installations fixes et définitives,

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caractérisent au contraire les gisements proprement dits de quartz aurifère. Le traitement des Roches à Ravets tient le milieu entre les deux industries : participant au mode de formation des placers, par ce fait que l'or qu'elles contiennent s'y trouve à l'état natif et provient de la décomposition des gisements dioritiques primitifs ; mais, d'autre part, comportant comme

les filons l'installation d'appareils fixes de traitement qui permettent de concentrer sur un centre fixe le traitement des minerais extraits d'un seul et même gisement. J'ai attiré enfin l'attention sur l'immense progrès qu'assurera à la Guyane l'emploi d'appareils mécaniques

pour le traitement des alluvions aurifères. C'est là que se trouve la solution du problème de l'utilisation économique des innombrables placers dits pauvres, actuellement

inexploitables et qui n'attendent que la mise en oeuvre de procédés de ce genre pour entrer eux-mêmes en ligne de compte. J'ai démontré, tant par les premiers dragages que j'ai effectués dans la colonie, que par des exemples pratiques empruntés au pays dans lequel les dragages d'alluvions aurifères sont devenus d'un usage courant, que l'emploi de ces appareils est désormais exempt de tout aléa purement technique et que leur réussite sur des placers ayant une teneur considérée comme infime par les exploitants actuels, est assurée d'un succès certain. J'ai terminé en montrant que toutes ces améliorations prendront un essor d'autant plus rapide qu'on procédera plus tôt à l'exécution d'une voie ferrée reliant Cayenne aux placers. On dispose en Guyane d'une maind'oeuvre pénitentiaire qui constituera pour un travail de ce genre un précieux auxiliaire, en même temps qu'elle permettra de donner à cette main-d'oeuvre un emploi pratique

et rationnel, qui jusqu'ici n'a que trop fait défaut dans notre colonie.

Le moment est on ne peut plus propice pour entre-