Annales des Mines (1897, série 9, volume 11) [Image 118]

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SUR LE TASSEMENT DES ARGILES

AU SEIN DES EAUX

SUR LE TASSEMENT DES ARGILES

lument pures, l'argile reste indéfiniment en suspension. Pour que la chute s'effectue, il faut que l'eau contienne des traces de sels en solution (*). Ce cas est de beaucoup le plus général dans la nature, aussi bien pour les eaux océaniques salées que pour les eaux lacustres douces. Si D représente la densité, P le poids, et V le volume

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AU SEIN DES EAUX Par M. J. THOULET, professeur à la Faculté des Sciences de Nancy.

Lorsqu'on agite de l'argile bien sèche dans de l'eau, cette argile se mélange au liquide, qu'elle rend laiteux. Dès que l'on cesse d'agiter et que l'on abandonne au repos, elle descend lentement, s'accumule sur le fond du vase et y forme une couche à surface horizontale dont la hauteur diminue jusqu'à une certaine limite qu'elle parait ensuite ne pas dépasser. Elle semble donc acquérir un tassement limite. Nous nous proposons d'étudier les conditions du .phénomène en cherchant ainsi à éclairer le problème de géologie synthétique de la formation des couches sédimentaires argileuses au sein des eaux. C'est une suite au mémoire dans lequel ont déjà été observées expérimentalement les circonstances relatives à la chute même des précipités (*). Ce premier travail s'appliquait aux matières en train de descendre sur le fond ; le travail actuel considère ces matières alors que chaque particule, entourée d'une certaine quantité de liquide, en quelque sorte serrée entre d'autres particules solides identiques, tend à prendre par des déplacements beaucoup plus lents un état d'équilibre stable sur le fond.. Il est inutile de rappeler ici que, dans les eaux abso(*) J. THOULET, Expériences sur la sédimentation. (Comptes Rendus Acad. Sciences, 21 oct. 1890, t. CXI, p. 659 et Ann, des Mines, janvier,

février 1891.)

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de l'argile, on a D --_._-__- -- Un poids déterminé de matière V

étant donné, on le met en suspension dans l'eau et on le laisse ensuite se déposer tranquillement. Aussitôt que sa surface supérieure se distingue nettement en une nappe horizontale de l'eau qui la surmonte, on note, à des intervalles de temps connus, la hauteur de cette nappe audessus du fond du récipient en verre cylindrique et calibré, qui la contient. Le volume V est par conséquent facile à évaluer à chaque instant. On en déduit pour D une série de valeurs augmentant elles-mêmes de plus en plus à mesure que l'expérience se prolonge, puisque, P restant constant, V diminue de plus en plus. Cette densité apparente sert donc, à chaque instant, de mesure au tassement. Parmices densités ou plutôt ces divers états de la densité, deux sont particulièrement à considérer : celle en poussière sèche 'dans l'air, calculée après avoir tassé à refus, par une série de petits chocs, dans un récipient de volume connu, de l'argile pulvérisée et bien sèche et avoir alors pris. son poids, et celle qui ést obtenue en remplissant le récipient de la quantité d'eau maximum susceptible d'y pénétrer et de se ldger entre les espaces laissés vides entre les particules d'argile, c'est-à-dire sans qu'il se produise aucune modification du niveau de la masse pulvérulente (**). Cette dernière valeur est celle de la den(*) Voy., à ce sujet, Ta. SCIII.OESING. Leçons de chimie agricole, professées à l'École d'application des manufactures de l'État.

    • ) Voy. TaouLsr, Océanographie (Statique), p. 133.