Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 332]

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lesquels nous relaterons seulement les suivants, justifient cette conclusion. Le 30 octobre 1880, à l'Agrappe, dans une taille chassante en plateure, on n'avait pas observé de traces sensibles de grisou, lorsqu'eut lieu un dégagement subit de gaz projetant 600 hectolitres de charbon pulvérulent.

Le 11 juin 1886, à l'Agrappe, dans une taille en plateure, 4 trous de sonde de 5 mètres de longueur, forés en avant de la taille, ne dénotaient pas une venue exceptionnelle de grisou, lorsqu'une très forte commotion se produisit inopinément; 5.000 hectolitres de charbon furent

projetés ou déplacés, et le grisou fut refoulé à plus de 100 mètres du côté de l'arrivée de l'air. Le 30 août 1886, à cette même mine de l'Agrappe, dans une galerie- de traçage en plateure, 4 trous de sonde, dont 2 de 5 mètres, précédaient l'avancement et n'avaient fourni aucune indication utile, lorsqu'une irruption subite de grisou se produisit, projetant plus de

600 hectolitres de charbon.

Le 3 avril 1885, à Marcinelle-Nord, le front de taille était .précédé de trous de sonde de 7 mètres de longueur. Ces derniers ne donnaient lieu qu'a un dégagement nor-

mal de grison, lorsqu'une irruption de gaz se produisit inopinément, asphyxiant 18 ouvriers et proj etant 1.250 hec-

tolitres de charbon poussiéreux:

Le 21 avril 1891, à la mine des Produits, une invasion exceptionnelle de grisou, avec refoulement de ce gaz jusqu'au puits d'entrée d'air, se produisait dans un travers-banc qui venait de rencontrer une couche de houille; 4 trous de sonde traversant complètement cette couche avaient donné si peu de grisou qu'on n'avait pas hésité à faire partir des coups de mine. Disons d'ailleurs, au sujet des sondages, que l'arrêté royal du 28 avril 1884 rend les forages obligatoires dans les couches à dégagements instantanés ; or, malgré l'adop-

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tion de ces mesures, il n'y a eu, sur les 131 dégagements étudiés, que 29 cas oit les ouvriers aient été avertis, par des indices précurseurs, de la présence à proximité d'une quantité exceptionnelle de _grison. On peut donc dire que, malgré les forages exécutés en avant des chantiers, les dégagements, subits se produisent le plus souvent sans qu'aucun indice précurseur ait éveillé l'attention.

Dégagements successifs eu des points voisins. Des dégagements instantanés peuvent se produire successivement dans une même couche en des -points très peu distants les uns des autres. Nous citerons notamment les exemples ci-après Le 13 février 1885, à l'Agrappe, au niveau de 640 de la Couche Chauffournoise, dans une taille en plateure, produisait un dégagement avec projection de 190 hectolitres de charbon. Le 28 février, dans la même taille, à 7 mètres plus loin, avait lieu un deuxième dégagement avec projection de 150 hectolitres de charbon. Enfin, à 6 mètres au delà, toujours dans la même taille, se produisait un troisième dégagement. D'autres chantiers de cette couche présentèrent les mêmes phénomènes ; aussi constate-t-on que, d'août 1884

à août 1885, l'étage de 640 de la couche Chauffournoise fut le thalre de 23 dégagements instantanés, soit en moyenne deux par mois.

Influence de la nature des chantiers. Les dégagements ont lieu soit pendant la période de dépilage, soit pendant celle de préparation ou de reconnaissance. Sur 131 dégagements, 100 se sont produits dans des chantiers de dépilage, et 31 seulement dans d'autres chantiers. Mais, si on tient compte du faible développeTome X, 1896.

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