Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 319]

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DISCOURS PRONONCFI A L'OCCASION 'DE .LA MORT

En 1873, l'Académie des Sciences ouvrit ses'portes à Resal, en lui donnant la succession du baron Dupin. Cette -haute distinction n'a .fait que surexciter son ardeur au travail. Ses communications à l'Académie ou aux Annales des Mines montrent que son activité ne s'est jamais ralentie. Resal avait deux qualités rarement unies : il travail. lait avec une merveilleuse facilité et il travaillait toujours. .

Le travail était sa seule distraction quand il était bien portant, son seul remède, remède dangereux, quand sa robuste santé a commencé à le trahir. En 1888, il a publié un Traité de plegsique mathéma-

tique qui a pour objet de résumer cette vaste science, comme il avait précédemment résumé la mécanique céleste. Il travaillait à la seconde édition de la Mécanique générale, dont les deux premiers volumes ont paru, quand la -mort est venue le surprendre. Depuis plusieurs années, sa santé déclinait visiblement.

La maladie qui a. fini par l'emporter avait légèrement courbé ce corps autrefois droit et élancé comme les grands chênes des forêts des Vosges, au milieu desquelles s'est passée son enfance ; elle avait pâli et quelque peu attristé ce fin visage qu'on était habitué à voir toujours animé et souriant. Mais rien ne faisait présager une fin prochaine, lorsque, comme tous les ans, il est parti pour aller passer ses vacances en Suisse et en Savoie. Le 29 juin, il m'adressait encore de. Saint-Gervais une lettre dans laquelle il me communiquait .diverses observations sur un mémoire que l'Académie pourrait être appelée à juger. Cette lettre nie

montrait qu'il avait toujours l'esprit en éveil et le souci des jugements à rendre par l'Académie. ,Vers le milieu du mois d'août, il fût pris d'une violente crise d'atonie intestinale ; sa famille accourut près de lui. Les soins quilui furent prodigués l'avaient remis assez bien pour qu'il manifestât le désir d'aller visiter l'Exposition de

DE M. AME-BENRY RESAL

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Genève. Mais én route, à Annemasse, il fut repris avec une violence telle qu'une opération chirurgicale fut jugée nécessaire. Il succomba peu de jours après, le 22 août. Il a été inhumé, le 25 août, à Étang-sur-Arroux (Saône-etLoire), lieu de sépulture de famille.

C'est dans ce coin de la Bourgogne qu'il comptait se retirer dans deux ans, lorsqu'il aurait eu droit à sa retraite . comme Inspecteur général des Mines. Au lieu du repos bien mérité et qui n'eût pas été d'oisiveté, qu'il y espérait, c'est le repos suprême qu'il y dort à présent. Mais il laisse après lui une oeuvre que je n'ai pu qu'esquisser ici à grands traits et qui assure la survivance de son nom. Il laisse à ses deux fils le plus précieux de tous les héritages : l'exemple d'une vie consacrée tout entière aux progrès de la science et à ses applications en ce qu'elles ont de plus noble et, de plus désintéressé. Ceexemple n'a pas été perdu pour eux, et Resal a. eu la joie bien rare de les

voir tous deux sortir brillamment de l'École Polytechnique, dans la carrière des Ponts et Chaussées, qu'ils parcourent de façon à ajouter encore à. la réputation du nom qu'ils portent. Ces deux fils sont la couronne et la parure .d'une mère qui, grâce à des dons exceptionnels, a pu les suivre, non seulement dans leur éducation classique, mais même fort loin dans leur instruction scientifique. Ils :seront aussi sa

consolation dans la cruelle épreuve qu'elle subit et dans laquelle l'accompagnent les respectueuses sympathies de l'Académie,_du monde savant et des ingénieurs.