Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 43]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

DE LA SPÉLÉOLOGIE

d'après la superposition de la carte au 10.560° et de mon levé souterrain, doit se trouver en cet endroit à 100 mètres au-dessus du niveau de la rivière intérieure. Ce gouffre, fermé par le haut, nommé Victoria-Cave, et découvert en 1842, rentre dans la catégorie des avens latéralement greffés sur des rivières souterraines, tels que Rabanel, les Combettes, le Mas-Raynal (*) et le Grand:Dôme-de-Padirac (**). Comme _pour tous les puits verticaux des voûtes de caverne, il serait bon d'en effectuer l'ascension, afin de rechercher s'il ne sert pas d'exutoire à un ou plusieurs étages de grottes. Autrefois, on avait construit une sorte d'échafaudage pour éclairer le gouffre par le haut. Mais les bois se sont pourris ; on pourrait les rétablir et les prolonger en hauteur.

ce qui correspond à la moyenne température annuelle de la localité. 11 est fort possible, et j'expliquerai tout à l'heure comment, que. cet affluent provienne de la deuxième grotte de. Castleton, celle de la Speedwell-Mine.

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On sait que nous avons trouvé, sous les Causses, maints exemples de ces superpositions (Viazac, Baumes-Chaudes, Tabourel, etc.), et que MM. Marinistch, Müller et Hanke ont 'rencontré plusieurs excavations latérales importantes, escaladant ainsi les parois presque verticales du colos-

sal souterrain de la Recca, près Trieste (m).

Au pied même de Victoria-Cave, il y a un autre

affluent, horizontal, celui-là; un filet d'eau sort d'une très courte galerie (V. le plan, Pl. III, fig. 1), oh la marche

est arrêtée au bout de quelques mètres par un. bassin d'eau ; la voûte baisse, mais un tournant ne m'a pas permis de voir s'il y a là un siphon véritable, la profondeur était trop grande pour. s'y avancer, et je ne sais guère si un bateau, même démontable, pourrait évoluer ici ; c'est un point qu'il y aurait lieu d'examiner après une longue sécheresse ; les eaux étaient assez hautes lors de ma visite; la température de cet affluent était de 8° C., V. Les Abîmes, P. 143, 172, 325. (**) V. Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 21 octobre 1895: et la Nature, 16 novembre 1895. (***) V. Les Abîmes, p. 209, 232, 334, 469. (.)

Après ce double .et curieux confluent, la galerie du ruisseau principal tourne brusquement à angle droit vers

le sud-est ; au bout de 30 mètres, le sentier s'arrête, parce que l'eau occupe toute la largeur de la galerie; en me mouillant jusqu'au ventre, j'ai pu constater qu'il fallait supprimer, comme légendaire, la soi-disant prolongation

libre vers Perryfoot, que l'on affirmait, exister jusqu'à 5 kilomètres vers l'ouest ; j'ai trouvé, en effet, le siphon complet, absolu, avec la roche partout mouillée, après 20 mètres de marche dans l'eau (8° C.) (*). Tout ce que la vérité permet de dire, c'est que l'eau, étant fort claire, doit venir de loin en se filtrant, en route, à travers des éboulis ou d'étroites fissures ; et que la relation avec Perryfoot, oh un ruisseau se perd dans un- swallow-hole, est vraisemblable, mais ne peut être constatée matériellement, si ce n'est par une expérience de coloration. La longueur de 2.250 à 2.300 pieds (686 à 701 mètre)

que l'on attribue à Peak-Cavern doit être exacte ; ,j'ai trouve, par une simple mesure approximative au pas, 650 mètres environ. En résumé, l'intérieur de la caverne du Diable, sans aucun

attrait pittoresque, est du plus haut intérêt hydrologique ; sa partie sèche apprend comment ont travaillé les eaux souterraines- d'autrefois ; sa galerie du ruisseau montre

comment elles fonctionnent aujourd'hui. Toutes deux confirment ces conclusions formelles de mes précédentes recherches, savoir : (*) Bray raconte, d'ailleurs (Sketch of a tour, p. 198), que, vers 1773, quelqu'un, ayant essayà de plonger sous les roches, ne réussit qu'A s'en-

dommager la tête et j, s'évanouir an fond de l'eau, d'oit on le retira avec peine.