Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 40]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

ressantes ? Quelques faits, jusqu'à présent très rares, mais très caractéristiques, permettent de répondre affirmativement. sans nulle hésitation. Le plus curieux est assurément la galerie de mine découverte, en juillet 1892, par mon collaborateur G. Gaupillat, au fond de l'abîme de Bouche-Payrol, près Silvanès (Aveyron), 120 mètres sous terre. Il est clans le calcaire de transition ; la galerie est taillée au pic ; les Scories et la couleur verte des stalactites dénotent un gisement cuprifère ; cette exploitation reste un mystère, et l'on n'a pas encore fait l'étude que je recommandais (p. 165 des Abîmes) pour la solution de ce curieux problème.

Une des galeries de Bramabiau renferme tin filon de fer dont l'inj &fion en plein calcaire infraliasique n'est pas moins énigmatique. Enfin, les cavernes du Peak, en Derbyshire (Angleterre), recoupent une quantité de filons plombifères.

J'ai visité ces cavernes l'année dernière, et là descrip-

tion détaillée que je vais en donner fournira quelques vagues indications sur les. rapports des deux phénomènes, en même temps qu'elle présentera un assez complet résumé des questions géologiques et hydrologiques examinées dans les pages qui précèdent. Le Peak (DerCAVERNES DU DERBYSHIRE. LE PEAK. byshire), dont ni les formes ni l'altitude (300 à 637 mètres) ne justifient le nom (le pic), est un ensemble de plateaux calcaires carbonifères, sillonnés de peu profondes vallées, entre Manchester et Sheffield. Sur son versant oriental, aux sources de la rivière Derwent, le village de Castleton est depuis longtemps célèbre pour ses environs pittoresques et ses très curieuses cavernes, qui sont au- nombre de trois : la Peak-Cavern, la Speedwell-Mine et la Blue-John-Mine.

DE LA SPÉLÉOLOGIE

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Les deux dernières sont en partie artificielles, et toutes sur trois présentent des dispositions exceptionnelles, en ce qui touche l'hydrolesquelles je vais m'étendre, logie souterraine et la relation avec les filons métallifères de la région.

La caverne du Peak, nommée aussi Peak-Cavern. caverne du Diable (Deves arse), derrière le village même de Castleton, est peut-être la plus populaire d'Angleterre, et chaque jour de nombreux touristes s'y succèdent.

Il y a cent ans que le naturaliste français Faujas de Saint-Fond l'a traitée de magnifique caverne dans une description de 17 pages, fort ampoulée, consacrée à cette première des « sept merveilles du Derbyshire, célébrée par plusieurs poètes (') ». Schmidl, le vaillant explorateur des cavernes d'Autriche, la cite dans un de ses mémoires (**) et lui attribue, par ouï-dire, une longueur égale à 458 klafter de Vienne, soit 868 mètres. Badin (***) dit que sa grande salle est «tellenient immense que les flambeaux n'en peuvent dissiper les. ténèbres, et qu'il est impossible d'en mesurer l'élévation et la profondeur n. Enfin, les. guides spéciaux et de nombreuses descriptions anglaises en font naturellement le plus pompeux éloge. Disons tout de suite que l'entrée seule, le vestibule, est digne d'admiration, bien méritée, il est vrai, car c'est un tableau moins grandiose, mais plus gai que Vaucluse, et aussi surprenant que la perte du Réveillon, dans le Lot, et la sortie de la Piuka à Kleinhatisel (Carniole). C'est, .d'ailleurs, une rivière souterraine qui a édifié ce porche monumental : mais elle ne l'utilise plus que comme trop-plein, lors de ses crues, car elle est bien déchue de (*) Voyage en Angleterre, t. Il, p. 361-317. (**) Die Baradla-llohle, 1856.

    • ") Grottes et Cavernes, p. 198; Paris, Hachette, 18'70, in-12.