Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 31]

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DE LA SPÉLÉOLOGIE

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

réside tantôt dans leur combinaison, tantôt dans l'application de l'une ou. de l'autre suivant les cas particuliers; Mais revenons à la circulation de l'eau souterraine, dont nous ont- écartés les abîmes et les dolines. Écoulement de l'eau à l'intérieur des terrains fissurés. Nous avons à considérer en second lieu 2° Le mode d'écoulement et de propagation de l'eau à l'intérieur des terrains fissurés. On sait quelle distinction a été établie par MM. Delesse, Daubrée, Ed. Dupont (*), de Lapparent et par moi-même (Les Abîmes, p. 537 et 554), entre les terrains meubles,

fragmentaires, ,ou incohérents, et les terrains fissurés : dans les premiers, l'imbibition de toute la masse donne naissance à de vraies nappes d'eau; dans les seconds, le suintement ne pouvant se produire que par les fentes naturelles, et l'eau ne pénétrant pas les blocs compacts délimités par ces fentes (si ce n'est dans la très petite proportion de l'eau de carrière introduite par la capillarité), il y a un réseau de canaux confluant de f plus petits aux plus grands : j'ai tellement détaillé, dans mes précédentes publications tous ces modes de circulation des eaux souterraines des terrains fissurés, en tout comparables à ceux des ruisseaux et rivières de la surface, ou an système d'égouts (gouttières et collecteurs) d'une grande ville, que j'abuserais vraiment en les décrivant une fois de plus. J'insisterai seulement de Absence des nappes d'eau. nouveau, avec M. Daubré,e (Eaux souterraines, t. I, p. 18) pour demander la proscription, en de pareils terrains, du

terme de nappe d'eau t : il n'y a pas, dans les terrains fissurés, de nappe continue ; la légende de la feuille Forcalquier de la carte géologique au 80.000° est fautive terre (") DELEssc, Recherches sur l'eau dans l'intérieur de la Bulletin de la Société géologique, 4 novembre 1861, 2" série, I. p. 64 ;

DUPONT, Phénomènes des cavernes, p. 13.

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quand elle dit que la fontaine de Vaucluse est alimentée par une nappe souterraine : cela est inexact. Vaucluse est le débouché d'un fleuve formé sous la terre par la convergence d'innombrables ruisseaux intérieurs drainant, par les avens et fissures du sol, toutes les eaux des plateaux de Saint-Christol, Banon, Satin, etc. Il ne faut plus qu'on parle du grand lac souterrain alimentant les sources du cafion de l'Ardèche ou de la .Touvre (Les Abîmes, P.

118, 172, 526, 529, 533). Je ne cesserai pas de

combattre cette malencontreuse expression, qui fausse absolument les idées et les recherches. D'après M. Kraus, (Hôhlenkunde, p. 137), la Compagnie du chemin de

fer de Karlstadt à Fiume, en Croatie, aurait dépensé 30.000 florins à forer des puits pour trouver de l'eau, qui ne: s'est pas rencontrée Aux environs de Châlons-sur-Marne, le niveau de l'eau varie considérablement entre des

puits très rapprochés (Daubrée, Eaux souterraines, t. I, p. 198). « Si une mauvaise chance vous fait _tomber

sur une portion de la roche calcaire bien compacte, vous avez exécuté un travail. inutile » (Arago, Notice sur les -puits artésiens, 1835). Dans un récent et important mémoire sur la nitrification et la pureté des eaux de sources (*), M. Th. Schkesing a dit que, pour les

terrains fissurés « la nappe souterraine est discontinue, au lieu d'être continue ». Ce correctif n'est pas ,suffisant encore : il faut dire que, dans ces terrains, les courants et les poches remplacent les nappes. Mais je ne veux pas me laisser de nouveau entraîner à une démonstration que je considère comme irréfutable, après tout ce que j'ai -vti et décrit sous terre (galeries de Padirac, de la Baume de Sauvas, de la Recca, etc). Les plus grands lacs ou nappes d'eau des cavernes n'atteignent pas 100 mètres de largeur; la longueur, la hauteur et l'étroitesse l'emportent toujours Ç*)

rendus de l'Académie des Sciences, 13 avril 1896.