Annales des Mines (1896, série 9, volume 10) [Image 24]

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APPLICATIONS GÉOLOGIQUES

DE LA SPÉLÉOLOGIE

Urbas, Fruwirth et M. Kraus (i), en Autriche, sont

bien que M. de Lapparent, après avoir reconnu, à la suite de mes recherches, que les avens « sont des puits irréguliers, que les eaux sauvages ont creusés en profitant des fissures naturelles du terrain.., et qui ne jalonnent pas nécessairement le cours des rivières souterraines » (*),

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-les principaux défenseurs de cette autre théorie, qui cons: truit les abîmes de bas en haut, par affaissement de voûtes dont les eaux -intérieures ont ruiné les pieds-droits.

L'ouverture subite, à diverses reprises constatée, de les trous au fond desquels on voyait couler l'eau, fameux cénotés du Yucatan, la source de Brissac (Les Abîmes, p. 147) et les light-holes de la Jamaïque, les dépressions de la surface du sol dans des régions oit les l'existence des rivières souterraines est certaine, éboulements partiels de voûtes ou parois des cavernes,

la

dégradation continue ou inachevée des parois stratifiées d'abîmes; comme le Tindoul (Les Abîmes, _p. 246) et la Magdalena:Schacht d'Adelsberg (ibid., p. 445), rendaient jusqu'à un certain point plausible une semblable hypothèse. C'est par empirisme que mes nombreuses descentes de

gouffres en ont prouvé, sinon la fausseté, du moins la non-généralité : un dixième à peine des abîmes e xplorés s'est montré à nous comme résultant indubitablement de la

rupture caractérisée dune voûte de caverne. Tous les autres sont, comme les grandes cheminées, citées -plus haut

(p. 21), tellement étroits par rapport à leur profondeur, ou tellement coudés et irréguliers, qu'il est .matériellement impossible d'y voir des abîmes d'effondrements.

Aussi, tout en tenant pour tels au premier chef les beaux gouffres du Tindoul, de Padirac, de la grotte Pett, reux (Lot) (Les Abîmes, p. 310), de Marble-Arch (Irlande),

de Saint-Canzian (Autriche), etc., m'abstiendrai-je de reproduire ici toutes les raisons qui me les font considérer comme de simples accidents. Ces accidents sont subordonnés au degré de puissance de la rivière souterraine, et d'épaisseur du terrain qui la surmonte (**). Et je m'étonne (*) M. Kraus a cependant fini par reconnaitre qu'il ne faut pas la « généraliser » (flohlenkunde, p. 63 et 111, etc., etc.). (*") Les Abimes, p. 448, 515.

ait semblé revenir en arrière en disant « que la plupart des dépressions de la surface résultent de l'effondrement des cavités sous-jacentes (**) ». La généralisation de la théorie des effondrements a con-

duit à deux antres hypothèses contre lesquelles je maintiens de plus en plus toutes mes réserves. Théorie du jalonnement. La première est celle du jalonnement, prétendant que, « sous chaque rangée de bétoires (ou gouffres), il existe un cours d'eau permanent ou temporaire, qui les a nécessairement produites » (abbé Paramelle). Ceci a été absolument réfuté par nos descentes : non seulement, comme je viens de le dire, la plupart des abîmes visités sont Pceuvre des eaux extérieures, et non des intérieures, mais encore près des trois quarts n'ont conduit à aucune rivière. Et la majorité de ceux qui nous ont menés à des courants souterrains étaient creusés dans des diaclases greffées sur des galeries profondes, à angle plus ou moins aigu (Rabanel, Mas-Raynal, les Combettes, etc.). Peut-être le défaut de communication

actuelle provient-il, comme en beaucoup d'endroits du Karst, de ce qu'il y a eu obstruction par les pierres et débris tombés de la surface ; peut-être que les déblaiements auxquels on se livrera un jour ou l'autre, espéronsle, révéleront quantité. d'autres cours d'eau mystérieux ; il

n'en est pas moins vrai que beaucoup d'abîmes (sur, le Causse Noir, par exemple, dans l'Aveyron) se terminent (on l'a vu plus haut) par de vraies fissures capillaires, (*) Traité de Géologie, 3° édit., p. 204, 1893. (*") Leçons de géographie physique, p. 230, 1896.

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