Annales des Mines (1896, série 9, volume 9) [Image 139]

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NOTICE NECROLOQIQUE

SUR ÉMILE BAYLE

de son coup d'oeil, la précision de son jugement le placèrent

d'autres savants éminents avaient, au contraire, proposé

de suite au premier rang des paléontologues. Dès Ses premiers travaux, il avait compris. que les fossiles devaient être éthdiés de la 'même 'manière et avec la même méthode que les animaux vivants; ennemi des restaurations et des déterminations hâtives, il s'est toujours

de les rapprocher des Brachiopodes.. C'est que, malgré les

attaché à montrer que l'étude des fossiles ne pouvait aboutir à des conclusions certaines que tout autant que l'on en connaissait bien tells les caractères. Un échantillon Mal conservé, un moule incomplet, non seulement étaient inutiles,- mai§ -peuVaient être- dangereux en motivant une détermination fausse, et il les rejetait impitoya-

blement, avec un peu trop de rigueur, peut-être ; mais il ne faut. pas. oublier que. tette réaction était nécessaire, et encore aujourd'hui,coinbien de fois n'avons-nous pas vu des listes de -fossiles., encombrées -de noms sans valeur réelle, servir dé point de .départ à .des assimilations inexactes ? Mais il arrive fréquemment aussi que des échantillons bien conservés sont empâtés dans, la gangue et que leurs caractères internes échappent à l'observation ; c'est à ceuxlà que Bayle s'attaquait surtout. Patiemment il s'efforçait

de. les dégager avec le burin et le ciseau, et c'est ainsi qu'avec une habilité de main incomparable il est arrivé à réaliser ces magnifiques préparations qui sont le plus bel ornement des collections de l'École des Mines. Il croyait

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travaux très intéressants de Siemann et de Woodward, leur constitution interne présentait encore bien des obscurités. Et cependant, toutes les collections renfermaient de nombreux échantillons de ces fossiles, et beaucoup d'entre eux étaient remarquablement conservés. Mais leur appareil cardinal était d'une complication telle que personne

n'avait encore pu réussir à les dégager d'une manière complète. Bayle s'attacha à résoudre définitivement ce problème : à peu de distance .de sa ville natale se trouvaient de riches gisements d'Hippurites radiosus; il parvient à s'en procurer un grand nombre d'échantillons, plusieurs centaines, nous dit-il ; parmi ceux-ci quelquesuns ont une gangue plus marneuse, plus tendre, -et à force de patience et d'habileté il réussit à isoler complètement les deux valves et à mettre en évidence tous leurs caractères ; les pièces qu'il a ainsi obtenues sont restées uniques jusqu'à présent.

Il passe ensuite à l'étude des autres Rudistes, il sépare les Radiolités des Sphe'rulites, isole les charnières complètes

de ces genres, montre l'absence de ligament

dans certaines de ces formes et donne enfin, en 1857, une révision complète des espèces connues dans ces trois genres ; il indique en même temps leur répartition dans

les différents horizons du terrain crétacé du midi de la

que, pour bien connaître un échantillon, il fallait l'avoir pré-. paré soi-même, et il considérait comme du temps utilement

France.-

employé les longues heures qu'il consacrait à ce travail

trale allait servir de base aux études des géologues, et encore aujourd'hui ses parties essentielles restent inat-

matériel. Les premières recherches qu'il entreprit dans cet ordre d'idées eurent un résultat brillant : les Rudistes étaient encore. très- incomplètement connus; si Deshayes.. :était arrivé avec beaucoup de sagacité à indiquer la véritable position des. Radiolites parmi les Lamellibranches,

Pendant plus de vingt-cinq années, cette oeuvre magis-

taquables.

Il faut reconnaître du reste que ce procédé de préparation ne pouvait être appliqué que dans des das exceptionnels et n'était pas à la portée de tous. Aussi, dans presque tontes les espèces, les caractères internes res-