Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 255]

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SUR LA GÉOLOGIE DU CONGO FRANÇAIS.

Si l'on ajoute que les alluvions s'étendent dans la Sanga et dans la Likouala-aux-Ilerbes jusqu'à la hanteur de Bania, vers te degré de latitude nord, on voit qu'un résidu de lac très récent, encore presque entièrement submergé par les grandes crues, occupe l'intérieur d'une ellipse, dont le diamètre, orienté N. 30.0. suivant l'une des directions principales précédemment définies, ne mesure pas moins de 700 à 800 kilomètres, et le diamètre conjugué pas moins de 300 à 400 kilomètres. Oubangui. Vers le pays des Baloï (1°30' de latitude nord), le sol s'élève et les quartzites réapparaissent, plus ou moins

ferrugineux et noyés dans l'argile, qui se trouve particulièrement fertile autour de l'ancien poste de Modzaka ; là se montrent

aussi des billes de limonite, exploités par les indigènes : c'est comme un nouveau Gabon, à 400 mètres plus haut que le premier et à 1.100 kilomètres dans l'intérieur (*). A Nzinga-Mongornba (environ 4° de latitude nord), commencent les rapides qui s'étendent presque sans interruption jusqu'à Mokoangay, sur une étendue d'un peu moins d'un degré en latitude. Les seuils les plus importants sont ceux de Bangui, de iBéli, de Boumindi et de Bouagba. Ils sont constitués par une roche blanche, laiteuse, pénétrée de veinules de malachite (?) et

d'oxyde de fer. D'après la détermination, faite par M. Stanislas Meunier, des -échantillons rapportés de Bangui par M. Dybowski, cette roche est une granulite à grains fins, peu micacée. En outre, on trouve des argiles grises (kaolin ?) dans le fond des vallées, et toujours la même argile rouge et la même limonite sur les sommets. Au delà de Mokeangay, dans tout le 'coude de l'Oubangui, les sables argileux apparaissent seuls, surmontés de larges plaques, atteignant parfois une surface de 1 kilomètre carré, de limonite pisolithique agglomérée. Au delà du coude, vers Banzyville ou

Mobaye, on retrouve los seuils -de granulite blanche ; ainsi, l'ensemble des filons forme .une bande, large d'un peu moins de un degré, orientée est - ouest ; cette bande se prolonge vers l'ouest jusque dans le bassin de la Sanga, comme nous allons le voir. Au - dessus de Moba.ye, à Sétéma, le fleuve qui, en amont et en aval, a des largeurs d'environ 3.000 mètres, se précipite en un couloir large de 165 mètres et taillé dans les mêmes roches. D'après M. Ponel, c'est par cette (*) Nous avons déjà signalé, dans notre aperçu géographique, colle répétition des facies, qui donne si peu de variété aux paysages africains.

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503 faille que s'est déversé un lac supérieur, le lac du haut Oubangui, alimenté par les eaux de l'Ouellé et du Mbomou. Le confluent de ces deux cours d'eau, qui se réunissent aujourd'hui pour

former l'Oubangui, est encore un vaste marécage, à la cote 650 environ ; et un cirque de collines, à parois abruptes, porte, en lignes très nettes, les étiages de cet ancien lac. Ainsi le bassin du Congo était probablement constitué, dans un âge géologique assez récent, par une série de vastes réservoirs superposés, peu profonds, limités par des arêtes rocheuses plus résistantes que les grès; nous voyons encore les bassins se dessécher, à mesure qu'ils communiquent plus facilement entre eux : c'est, avec une amplitude dix ou cent fois plus grande, la même série de phénomènes que nous avons analysés à propos des biefs et des barrages de l'Ogooué.

Cette coupe, si intéressante de l'Oubangui, se complète par

celle de la Kémo, affluent de droite de ce fleuve, situé au sommet

du coude, et que M. Ponel a remonté jusqu'à 70 kilomètres du confluent : c'est de ce point extrême, où M. Dybowski avait déjà fondé un poste; qu'est partie la mission Maistre. Parmi les alluvions, les argiles, les sables, les blocs et les tables de limonite, M. Ponel a rencontré, à 35 kilomètres environ de l'Oubangui, deux systèmes de crêtes rocheuses (pics Banguéro et Tabri), analogues à celles que M. Dybowski venait de recouper dans sa marche sur El Kouti, sur les traces de l'infortuné Crampel. Nous rappellerons que ces crêtes_ sont au nombre de trois,

traversant un itinéraire dirigé du sud au nord et assez peu

éloigné de la Kémo. Les roches provenant de Zouli, de Yabanda et du pic Crampel paraissent être des schistes micacés et feldspathisés, des leptynolites, des quartzites oligistifères (faux gneiss, faux micachistes, itabirites, itacolumites) produits par métamorphisme de schistes chloriteux et talqueux par la granulite et par la diorite. Ainsi, au nord de la grande bande métamorphique de Bangui, s'en étendent plusieurs autres, moins importantes, et qui paraissent, comme elle, dirigées de l'est à l'ouest. Sanga. Nous avons dit que toute la basse Sanga était entourée de marécages et d'alluvions; le confluent de la Mambéré et de la Kadeï, qui, par leur réunion, forment cette importante rivière, l'île Comaza, où M. Mizon a rejoint M. de Brazza en 1892, ont encore les mêmes caractères géologiques ; il faut aller jusqu'à Bania, sur la Mambéré ou à la même latitude, sur la Kadeï, pour retrouver la bande granulitique et métamorphique de Bangui. Mais ici, le mica est plus abondant, les schistes micacés