Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 194]

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SUR LA GÉOLOGIE DU CONGO FRANÇAIS.

d'un autre grand fleuve, vers l'est. Sur leurs indications, M. de Brazza arriva bientôt, en traversant le pays des Batékés, à une rivière navigable, l'Alima, qui devait le conduire à la voie de pénétration rêvée. Dans un second voyage (1879), il sut se concilier les populations riveraines du Congo, encore tout émues du passage sanglant de Stanley ; une station fut fondée au bord du Pool (*); elle a reçu plus tard de la Société de géographie de Paris le nom de Brazzaville ; la cité nouvelle fut reliée à la côte du Loango par l'exploration du Niari, fleuve dont l'embouchure est à 300 milles au s.ud

de l'Ogooué et à 100 milles au nord du Congo. Ainsi étaient circonscrits les territoires qui forment aujourd'hui la partie la mieux connue de notre colonie. En 1883, M. de Brazza, chargé d'en prendre possession au nom de la France, repartit pour l'Afrique avec un personnel nombreux (mission de l'ouest africain). Bientôt, notre pavillon flotta le long de la côte, de l'embouchure de l'Ogooué à celle du Congo : au cap Lopez, à Mayoumba, à Loango, sont établis depuis lors des postes

français. Une série de stations furent fondées sur l'Ogooué : elles s'appellent aujourd'hui Lambaréné, Njolé, Lopé, Boue, Lastoursville , Franceville ; sur l'Alima hélé et Lékéti; sur le Niari et. le long de la route de Loango à Brazzaville : Loudima, Bouanza, Comba. Ce rapide développement fut arrêté par la conférence de Berlin (1884-1885), qui réalisa le rêve de Stanley en constituant l'État indépendant du Congo avec Sa Majesté

Léopold II, roi des Belges, comme souverain. La frontière suit en partie le Tchiloango, petit fleuve compris entre le Niari et le Congo (*"), une ligne encore indécise (*) Lac formé par le Congo, à 400 kilomètres de son embouchure. (**) Sur le Bas-Tchiloango, les Portugais ont conservé l'enclave de Landana et Cabinda.

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qui aboutit vers Manianga, sur le Congo, puis ce fleuve et son affluent de droite l'Oubangui, jusqu'au quatrième parallèle nord ; enfin ce parallèle (*). Limitée au sud et au sud-est, notre colonie a continué

à se développer dans d'autres sens. En 1884, des postes ont été fondés sur la côte, au nord du Gabon : Bénito, Bata , Campo (*"). A l'intérieur, nous avons occupé effectivement la rive droite de l'Oubangui jusqu'à sa rencon-

tre avec le quatrième parallèle (Bangui, les Abiras); de là, trois missions se sont successivement dirigées vers le Tchad (Crampel; MM. Dybowski et Maistre). M. de Brazza, continuant son oeuvre, s'est établi sur la Sanga, affluent du Congo compris entre l'Alima et l'Oubangui il y a été rejoint, en 1892, par M. Mizon, qui venait de remonter le Niger et la Bénoué et de traverser l'Adamaoua. Une convention, récemment conclue à Berlin (14 mars 1894), définit la frontière qui nous sépare de la colonie allemande du Caméroun par une ligne qui suit à peu près le parallèle 2°10' nord, puis le méridien 150 est de Greenwich (12°45' de Paris), qui oblique vers l'ouest pour nous donner accès au bassin du Niger, et qui aboutit au Tchad en empruntant une partie du cours

du Chari.

Vers le nord et vers le nord-est, le champ est encore vaste; par là le Congo français peut s'étendre jusqu'à l'Algérie et jusqu'au Nil.

Il ne nous a pas paru inutile de rappeler sommairement la genèse de notre colonie et d'en indiquer les limites à larges traits. Avant de passer à l'étude géolo(") La convention franco-congolaise du 14 août 1894 consacre l'occupation par les troupes congolaises de la région comprise entre l'Oubangui et la rive gauche de son affluent de droite le Mbornou et située au nord du quatrième parallèle (voir PL XIV).

(**) Le territoire situé en face des îles Elobi nous est contesté par l'Espagne.