Annales des Mines (1895, série 9, volume 7) [Image 98]

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ÉTUDE SUR L'INDUSTRIE DES PHOSPHATES

ET SUPERPHOSPHATES.

Il ne faut pas se dissimuler cependant que cet avanage dépend en majeure partie de la possibilité de continuer à écouler dans des prix analogues à ceux actuellement pratiqués, la totalité des scories phosphatées qui sont produites et surtout qui seront produites en beaucoup plus grande quantité dans un avenir prochain. Les apparences actuelles du marché permettent d'augurer qu'il n'y aura pas d'encombrement et que la vente des scories ne rencontrera pas d'obstacle. Il est même cu-

Vente à l'intérieur de l'Empire au prorata des quantités fixées pour chacun des intéressés , d'après les prévisions de demande de la consommation, au prix de 39 à 40 francs

rieux de constater que l'accroissement énorme de ces dernières années (voir le tableau statistique de la page 192),

non seulement n'a pas amené de diminution dans la demande des autres espèces d'engrais phosphatés et notamment des superphosphates, mais a coïncidé, au con> traire, avec un accroissement important de la consommation de ces derniers. Il y a là une preuve indéniable de l'entrain avec lequel on entre, en Europe et plus spécialement en Allemagne, dans la voie de l'agriculture industrielle. En ce qui concerne plus particulièrement l'emploi des scories, dont les bons effets, je le répète, sont surtout applicables dans les sols siliceux, toutes les régions nord de l'empire d'Allemagne, depuis Kiel jusqu'à Hambourg, la Poméranie, la Haute et Basse-Silésie, sont, du fait même de leur constitution géologique, des clients assurés de ce genre d'engrais phosphaté. La Suède, la Russie par le port de Riga, en reçoivent aussi depuis deux ans des quantités importantes et constamment croissantes. En ce moment (décembre 1894), il n'y a pas de stock flottant de scories basiques et certaines usines ont engagé leur production, à prix ferme, pour dix ans. Syndicat des usines produisant les scories Thomas. Suivant leur coutume habituelle, les producteurs de scories basiques en Allemagne ont établi un syndicat sur les bases suivantes

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les 1.000 kilogrammes , pris ci l'usine. Les scories sont vendues uniquement à l'état moulu, la mouture étant faite par les syndiqués.

Vente libre au dehors, sous forme brute, des scories excédantes. Le prix actuel est de 24 francs la tonne sur wagon à l'usine, ce qui, comme nous l'avons exposé plus haut, ne laisse qu'une faible différence, déduction faite des frais de mouture, transport, sacs, etc., avec le prix de 40 francs pour le moulu rendu fr. b. Anvers, de sorte que pratiquement le syndicat empêche toute intrusion des tiers, commissionnaires ou phosphatiers, qui pourraient acheter les scories brutes, les moudre et les livrer à, la clientèle.

On sait que des syndicats analogues fonctionnent en Allemagne pour les fontes et aciers, pour les cokes, et en général pour tous les produits de première nécessité. La formule est en résumé la suivante I° Répartition de la consommation intérieure probable entre les producteurs au prorata de leur importance respective. Fixation d'un prix de vente rémunérateur pour ce marché national.

2° Vente libre à l'exportation, en écrasant si nécessaire les cours, pour écouler la surproduction. En vendant de la sorte, même à son prix de revient, l'industriel allemand réalise un bénéfice supplémentaire indirect sur sa part de vente à l'intérieur, puisqu'il diminue ses frais généraux qui sont répartis sur sa production totale. C'est par l'application de ces principes que nous voyons les usines allemandes enlever à l'étranger des marchés de rails, par exemple, à des prix qui paraissent inexplicables au premier abord.