Annales des Mines (1894, série 9, volume 6) [Image 156]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. E. MALLARD.

Hatly avait édifié les grandes lois découvertes par son

Bravais n'avait considéré que des milieux homogènes ; son éminent continuateur, tout en conservant l'idée fondamentale de la Constitution réticulaire des cristaux, la compléta par la notion d'orientations différentes dans les réseaux d'un même cristal. Cette conception aussi simple qu'ingénieuse fit rentrer dans la théorie toute une série de phénomènes qui semblaient devoir lui échapper, entre autres la polarisation rotatoire des cristaux.

génie sur une hypothèse physique, relative à la forme des molécules. Plus tard, on crut devoir se soustraire à toute hypothèse pour ne considérer dans la cristallographie que de simples rapports angulaires et des lois géométriques ; alors des calculs élégants et rapides succédèrent à d'autres qui étaient longs et pénibles. Cepen-

dant la forme qui caractérise les cristaux n'est que l'expression des propriétés les plus intimes de la matière qui les compose. C'était donc restreindre la science et peut-être la frapper de stérilité que de se borner à l'étude de polyèdres cristallins, sans en rechercher la signification physique. Déjà Delafosse, poursuivant les idées de son maître Haüy, avait fait une heureuse tentative dans ce but, lorsqu'il donna une explication de l'hémiédrie. La belle conception de Bravais permit de pénétrer par

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Ces découvertes touchent à deux questions d'ordre tre's élevé et des plus abstraites. Dans le mémoire par lequel il a débuté, Mallard s'était proposé de rechercher une explication des anomalies optiques que présentent un grand nombre de substances cristallisées. Jusqu'alors les minéralogistes admettaient

que la symétrie intérieure des cristaux est toujours

une voie rationnelle dans le mystère de la structure intérieure des corps solides. « Les faits cristallogra-

d'accord avec celle du polyèdre extérieur et que l'existence de l'une entraîne celle de l'autre. En combinant, comme l'avait fait Sénarmont, les études cristallogra-

phiques, disait Mallard en parlant de la théorie de son illustre prédécesseur, ne peuvent pas plus lui échapper

phiques avec celle des propriétés optiques, Mallard

qu'un corps en mouvement aux lois de la mécanique. Elle a un caractère de nécessité. » Bravais a été enlevé à l'Académie, il y a une trentaine d'années, jeune encore, sans avoir eu le temps de coor-

donner ses lumineux mémoires. Aussi ses vues sur les réseaux et les édifices moléculaires n'étaient-elles pas appréciées comme elles auraient dû l'être, avant que Mallard en fît ressortir toute la fécondité par ses habiles inductions. Notre regretté confrère fit plus : il exposa méthodiquement tout le système dans son important traité en deux volumes de cristallographie géométrique et physique. Malheureusement cette oeuvre de Mallard est inachevée et nous resterons privés de son troisième volume qui eût été précieux ; car il était destiné à exposer l'ensemble des belles découvertes de l'auteur.

prouva qu'il n'en est pas ainsi. Ce sujet avait déjà été traité par de grands physiciens, mais pour des cas particuliers ; notre confrère arriva à cette conclusion à la fois nouvelle et hardie : qu'il y a

souvent désaccord entre la symétrie intérieure et la symétrie extérieure des cristaux. D'abord fortement atta-

quée, surtout à l'étranger, comme il arrive si souvent pour les théories nouvelles, elle est aujourd'hui très généralement acceptée. Elle repose sur les caractères de structure que l'auteur a désignés sous le nom de .groupements pseudo-symétriques.

Avant Mallard, ces groupements étaient à peine connus, et on le conçoit ; car, d'ordinaire, ils ne se manifestent pas dans la forme extérieure ; ils se décèlent seulement par des phénomènes optiques intérieurs. Des recherches, aussi en très grand nombre, ont établi