Annales des Mines (1894, série 9, volume 6) [Image 125]

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ÉTUDE SUR LE SOULÈVEMENT LENT ACTUEL

DE LA SCANDINAVIE.

lation, réception des pluies, des fleuves et des icebergs, dégradation des continents existants, formation de nouveaux continents, entraînement par le vent, innombrables et incessantes réactions physiologiques, mouvement des animaux, etc., etc. Le niveau moyen de la mer en un point déterminé est altéré par les causes suivantes : refroidissement et contraction de la terre, mouvements du fond sous-marin, variation de la vitesse de rotation de la terre, mouvement relatif à la terre de son axe de rotation... Les vaiiations subies par la quantité d'eau emprisonnée dans les glaciers continentaux modifient le niveau moyen de la mer en tous les points du globe. Les phénomènes géologiques qui augmentent ou diminuent la masse d'un continent : formation des montagnes, éruptions volcaniques, dépôts de glace, etc., altèrent, d'une façon plus ou moins sensible, l'attraction exercée par le continent sur l'eau et par suite le niveau moyen de la mer dans le voisinage du continent. Quand il s'agit d'une mer presque fermée, comme la

considèrent comme constant le niveau moyen de la mer en un point donné; et lui rapportent la position des terres voisines pour constater si -elles s'enfoncent ou si elles

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Baltique, son niveau moyen dépend encore des variations par suite des changements de 1° Du volume

la température ; 2° De l'évaporation Ç 3° De l'apport des eaux fluviales ; 4° De la section du débouché.

M. Brückner conclut de la sorte son étude sur les oscillations des lacs et des mers : « Il existe des soulèvements et des abaissements séculaires des côtes, et leur effet interfère avec les oscillations séculaires du niveau de la mer, causées par les événements climatériques. » De même que les astronomes regardent comme cons-

tante la durée du jour sidéral, bien que la contraction de la terre tende à la raccourcir et bien que le frottement des marées tende à l'allonger, la plupart des géologues

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émergent.

« Les cordons littoraux abandonnés loin de la limite atteinte par la mer, les bancs de coquillages relégués dans l'intéreur, les baies comblées par les alluvions, les estuaires modifiés par l'amoncellement des vases, les constructions élevées per la main des hommes près de la mer et actuellement éloignées, des passages où l'eau devient moins profonde, sont autant d'indications favorables à l'idée de soulèvement. La formation d'estuaires graduellement augmentés, la présence de bois fossiles dans le sable des plages, les traces de constructions submergées, l'inondation des marais littoraux seraient, d'autre part, des signes de submersion (*) » Le mouvement du sol relativement au niveau moyen de la mer est particulièrement intense en Scandinavie pour des, raisons que nous exposerons dans la présente notice. On l'y observe d'ailleurs avec une grande facilité grâce à l'énorme développement des côtes. Depuis près de deux siècles, il y a été l'objet de nombreux travaux et de controverses intéressantes entre d'éminents savants. Comme le dit très justement M. de Drygalski, « la Scandinavie est la terre classique des changements des lignes de côtes ».

Nous y avons été faire une courte promenade pendant

l'été de 1892 et la présente notice fera connaître l'état actuel de la question. Nous insisterons, comme de juste,

un peu plus sur les quelques faits que nous avons eu l'Occasion de constater personnellement.

Nous avons eu l'honneur de consulter à ce sujet (*) Jules Girard. Recherches sur l'instabilité des continents et

du niveau des mers, 1886.