Annales des Mines (1894, série 9, volume 5) [Image 325]

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DES CHAUDIÈRES A VAPEUR, :

NOTE SUR LES CORROSIONS PAR PUSTULES

ment à l'alimentation de la plupart des chaudières. de la

ville a exercé sur un grand nombre d'entre elles, surtout sur celles qui étaient neuves ou dont un nettoyage complet avait mis les parois métalliques tout à fait à nu, une influence des plus destructives ; l'attaque des tôles a

été très rapide, et elle ne pouvait s'expliquer; précisément à cause de la pureté des eaux, que par leur très grande oxygénation : elles renfermaient 20 à 30 centimètres cubes de gaz par litre, dont 10 d'oxygène. Dans les Vosges , on a observé maintes fois que la. corrosion pustuleuse se manifeste avec le plus d'énergie lorsque les eaux alimentaires sont chargées d'oxygène et d'acide carbonique, comme celles des ruisseaux tombant en cascades et passant dans des forêts. Cet ensemble de remarques ne nous parait laisser aucun

doute sur la nature du phénomène qui donne naissance aux corrosions par pustules. C'est évidemment un phénomène d'oxydation ; le fer se rouille en s'emparant de l'oxygène dissous dans l'eau, ou dégagé par elle sous l'influence de la chaleur. Des expériences très intéressantes ont été faites, pour mettre cette action en évidence , par MM. ScheurerKestner et Meunier-Dolifus, de Mulhouse (*). Un barreau de fer fut enfermé par eux dans un flacon de 10 litres de capacité, renfermant de l'eau de la vallée de Saint-Amarin,

exempte de sels calcaires, mais très aérée ; des stries jaunes ne tardèrent pas à sillonner l'eau de la partie inférieure du flacon; en même temps, la barre de fer se couvrit de champignons de rouille ; lorsque tout l'oxygène

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brillante au sein de l'eau, comme si elle avait été vernie. Cette expérience, reproduite en 'opérant sur de l'eau cal-

caire du terrain jurassique, bien aérée et contenant de l'acide carbonique, donna des résultats un peu différents : la barre de fer s'oxyda plus lentement, en se couvrant d'une couche d'ocre ; les stries jaunes de l'eau furent mélangées de stries blanches provenant de sels calcaires qui se précipitaient ; sortie du flacon, nettoyée et remise en place, la barre de fer se recouvrit d'une nouvelle couche d'ocre ; les sels calcaires retardaient donc et entravaient l'oxydation, par suite de leur dépôt sur le métal.

Enfin, une troisième expérience, faite sur de l'eau distillée récemment bouillie pour en expulser les gaz dissous, ne mit en évidence aucun phénomène d'oxydation;

la barre resta indéfiniment brillante à l'intérieur du liquide.

.

Dans les deux premiers cas, l'attaque du fer a eu lieu à basse température, dans des conditions assez analogues à celles où se trouve l'eau des réchauffeurs au voisinage du débouché du tuyau d'alimentation. La poudre recueillie faisait effervescence aux acides, et renfermait un mélange de carbonate et d'oxyde ferriques. -Cette compositiôn appelle l'attention sur le rôle que peut exercer l'acide carbonique associé à l'oxygène dissous dans l'eau , sur les phénomènes que nous examinons. On a- objecté parfois que l'oxygène se trouve toujours, ou presque toujours, en quantité plus ou moins grande dans les eaux d'alimentation; et que, par suite,

ces eaux devraient, dans la grande majorité des cas,

dissous fut consommé, l'oxydation cessa, et la barre, sortie du flacon, nettoyée, puis remise en place, resta

engendrer des corrosions pustuleuses. Nous verrons plus loin qu'une telle conclusion serait erronée, attendu que

(*) Scheurer-Kestner et Meunier. Note sur l'emploi des réchauffeurs en tôle. Bulletins de la Société industrielle de

peut être artificiellement soustrait à, cette cause de détérioration. Néanmoins, on peut se demander si, pour être

Mulhouse, mai 1871.

certaines substances dissoutes dans l'eau neutralisent l'action de l'oxygène sur le fer, et qu'en outre ce métal