Annales des Mines (1894, série 9, volume 5) [Image 288]

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ÉTUDES SUR LE BASSIN HOUILLER DU NORD

ET SUR LE BOULONNAIS.

faire au Boulonnais. La revision récente de la carte géologique a complété et modifié nos connaissances sur l'allure des couches crétacées de la région ; les résultats auxquels j'étais arrivé en partant des anciens contours, doivent être corrigés en conséquence. J'ai déjà expliqué quelles sont les difficultés de la question : il s'agit, .en fait, de connaître les ondulations de là surface d'un banc de craie ou d'un banc tertiaire, c'està-dire d'un banc souvent difficile à reconnaître avec. certitude et en tout cas découvert sur de faibles espaces. Les dénivellations qu'il faut étudier dans la surface de ce banc sont des dénivellations de quelques mètres ou de quelques dizaines de mètres ; les premiers documents résultant d'une étude générale de la région n'ont évidemment pu fournir que des données provisoires, et les premières interprétations qu'on peut en tirer ne sont qu'un tâtonnement sujet à revision. C'est ainsi que depuis ma première étude, une note de M. Parent, sur les plis du nord de l'Artois ("), a fourni de nouveaux documents, empreints du caractère de précision qu'on sent maintenant nécessaire dans ces questions. Il y a donc lieu de reprendre sur ces nouvelles bases l'étude du raccordement entre les plis du Pas-de-Calais et ceux du Boulonnais. Les modifications qui en résultent dans mes anciennes conclusions sont exposées dans la seconde partie de cette note. La première partie en sera consacrée au développement d'une interprétation, nouvelle de la structure du bassin houiller du Nord. Cette interprétation et les arguments sur lesquels je l'appuie ne se relient qu'indirectement au même ordre de considérations théoriques. L'idée, il est vrai, m'en avait été d'abord suggérée par un premier examen de la surface des terrains primaires en Belgique ;

mais les données dont je dispose à ce sujet sont encore

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Soc. géol. du Nord, t, XXI, p. 93.

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trop vagues et trop peu précises pour qu'il y ait lieu d'insister sur ce point. Cette première partie sera donc seulement une étude directe des plis du terrain houiller, tandis que la seconde sera une étude des plis de la surface, à l'autre extrémité du bassin. Les conclusions auxquelles j'arrive peuvent avoir, l'une et l'autre, un certain intérêt pratique au point de vue de la plus ou moins grande extension souterraine de nos richesses houillères. Elles peuvent se résumer ainsi 1° La saillie des terrains anciens qui borde au sud le bassin houiller exploité dans le département du Nord, n'est pas la continuation du pli qui limite au sud le bassin houiller belge ; ce dernier pli, connu sous le nom d'axe du Condros, et qui a formé déjà dans les temps paléozoïques le rivage de la mer du dévonien inférieur, va

passer bien plus au sud ; et les couches de Dour, connues aujourd'hui seulement jusqu'à Quiévrechain, doivent se poursuivre vers l'ouest le long de ce pli, c'est-à-dire à plusieurs kilomètres au sud de la limite actuellement admise.

2° Les plis jurassiques du Boulonnais ne sont pas, comme je l'avais cru à tort, la continuation des plis du bassin houiller du Pas-de-Calais. Le Boulonnais, ou au moins tout le centre et le sud du Boulonnais, ne sont qu'une grande lentille anrygdaloïde ouverte d'un synclinal secondaire du bord méridional au centre du bassin houiller. Ces sortes d'accidents, dont je viens de signaler l'existence incontestable dans les Alpes françaises ("), me

paraissent maintenant être très fréquents dans les régions de plissements ; ils donnent naissance toutes actuellement dans les Alpes, et ont dû également dQnner nais(*) C. R. Ac. des sciences, 22 janvier 1894.