Annales des Mines (1894, série 9, volume 5) [Image 19]

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SUR UN GISEMENT DE PHOSPHATES

Turkestan. tale elle-même des brèches porphyriques du immédiatrès anciens, il faut A côté de ces phosphates récents que M. Daubrée a depuis tement placer ceux plus therlongtemps démontré avoir été déposés par les eaux males dans les failles des terrains jurassiques, crétacés le Lot et tertiaires, en France, tout particulièrement dans fentes ou et la Corrèze (A), phosphates qui remplissent des crevasses à parois non corrode'es et qui se présentent sous forme de concrétions rubanées , agatiformes , vitreuses fibreuses ou en masses botryoïdes à grain fin et serré. Tous ces phosphates d'origine hydrothermale provienles nent des minéraux phosphorés d'origine ignée que leur tempéraeaux ont transformés ou dissous grâce à ture et à leur richesse en acide carbonique; elles les ont laissé déposer ensuite en s'évaporant. Comme les précédents, ces phosphates vitreux, fibreux ou compactes sont exempts de matières organiques et de nitrates, et très difficilement assimilables par les plantes. 3° La troisième espèce de phosphates, les véritables

phosphorites, se rencontrent tantôt sous la forme de concrétions rocheuses sans éclat, chagrinées, souvent poreuses, caverneuses, assez friables, de couleur jaunâtre, grise ou noirâtre; quelquefois à l'état de terre farineuse blanche ou chamois, douce au toucher, ou en nodules facilement pulvérisables et assez légers ; souvent sous forme de sables disséminés dans des bancs calcaires ou agglomérés dans des poches ou cavités irrégulières creusées par corrosion de ce calcaire. Cette troisième espèce forme des amas ou concrétions peu homogènes, friables, le plus souvent mélangées d'un peu de sulfate et de carbonate de chaux. Dans tous ou presque tous les amas de phosphates de cette troisième espèce, on peut distinguer à l'oeil ou au (*) Compl. rend. Acad. sciences, t. LXXII1, p. 1032.

DE CHAUX ET D'ALUMINE.

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microscope de nombreux fossiles (débris d'ossements, écailles et arêtes de poissons, restes de reptiles et d'insectes, spongiaires, rhizopodes, algues, etc.). Enfin tous sont légèrement nitrés et contiennent un peu de matière

organique azotée. Les phosphates de cette troisième espèce sont notoirement d'origine animale ou végétale, comme le démontrent avec surabondance ces restes fossilisés, la présence de nitre, de matière organique et de sulfates; enfin leur genèse tout à fait semblable à celle des phosphorites de la grotte de Minerve, comme on le verra plus loin, phosphorites d'origine certainement animale (*).

(*) Pour expliquer la formation des dépôts de phosphates de la craie, MM. Merle, Stanislas Meunier, Lasne, etc., admirent, avec quelques variantes suivant chaque auteur, que les eaux dusous-sol chargées d'acide carbonique rencontrant les phosphates, disséminés dans les terrains anciens et dans la craie elle-môme,

sous forme d'apatite ou de résidus d'origine hydrominérale

provenant des débris de roches primitives, dissolvent ces phosphates, puis, grâce à leur concentration et au départ de l'acide carbonique, les déposent ensuite mélangés au calcaire qui s'était dissous en môme temps. Ces dépôts s'enrichiraient ultérieurement peu à peu en phosphates, grâce à la plus grande solubilité du carbonate de chaux dans les eaux souterraines chargées d'acide carbonique, lesquelles, dissolvant plus facilement le calcaire, accumu-

leraient corrélativement le phosphate de chaux dans les cuvettes

favorablement placées. Ainsi se seraient formés, suivant ces auteurs, les sables et amas de phosphates de la Somme et de la Belgique.

On voit que dans cette hypothèse ces phosphates auraient été successivement et complètement dissous par les eaux, et dériveraient tous de phosphates plus anciens et particulièrement d'apatite. Mais, ainsi que MM. J. Cornet et A. Renard l'ont fait

voir pour les phosphates de la craie grise de Mons et pour

ceux de la Somme, le microscope démontre qu'ils n'ont pu être dissous, puis reprécipités chimiquement tels qu'ils sont aujourd'hui. Ils se composent, en. effet, de grains on l'on distingue tous les détails de l'organisme délicat de fossiles des genres Globigerina, Cristellaria, Tertulleria. Ce sont les amas mêmes

de ces petits êtres qui, sur place, ont laissé ces phosphates comme résidu. M. Ortlieb (An2z. Soc. géol.. du Nord, t. XV1, Tome V, 1394,

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