Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 273]

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THÉORIES RELATIVES A LA COORDINATION

DES SOULÈVEMENTS.

relief terrestre dans le jeu des forces de la dynamique interne, les chaînes de montagnes étant ainsi le trait fondamental de la géographie et de la géologie de notre globe.

On peut chercher à entrer plus avant dans l'étude du phénomène d'un soulèvement, de façon à constater ses effets sur la partie de l'écorce où il se produit. Expérience de M. de Chancourtois. - Comme il n'a pas été possible jusqu'ici d'observer un soulèvement au moment de sa production, plusieurs expériences ont été imaginées pour essayer de reproduire en petit des effets analogues.

M. de Chancourtois, le disciple et le collaborateur d'Élie de Beaumont, a résumé d'une façon très heureuse l'ensemble du phénomène. Il s'est servi pour cela d'un ballon en caoutchouc, gonflé d'air en excès, de façon à le dilater le plus possible. Ce ballon, muni d'un robinet, a été plongé dans un bain de cire et retiré avec précaution,

couvert d'une mince couche de cette substance,

non

encore solidifiée. En ouvrant légèrement le robinet, l'air

s'échappe, le diamètre diminue et la couche de cire, jouant le rôle de l'écorce terrestre, est forcée de se plisser pour continuer à couvrir le noyau. La surface se sillonne alors de rides, de bossellements, accompagnés de fractures et disposés suivant un réseau presque régulier.

Si l'on étudie de près ces plissements, on observe nettement qu'ils ont donné lieu à trois sortes d'efforts mécaniques : des efforts d'extension, de compression et de torsion. C'est bien là, en effet, ce que l'on peut cons-

tater dans la nature.

Efforts d'extension. - Les efforts d'extension sont dus

surtout à la poussée intérieure provenant des matières

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fluides accumulées sous l'écorce et comprimées par le plissement. Les terrains disloqués dans le voisinage d'un soulèvement en fournissent de nombreux exemples. Les efforts

d'extension se présentent nécessairement à la

partie supérieure et bombée du plissement, où le peu de

plasticité de l'écorce l'empêche de se courber sur un petit rayon et la soumet à une distension considérable quand elle n'occasionne pas sa rupture. Un exemple classique de ces efforts d'extension est fourni par les Bélemnites étirées des Alpes. Ces fossiles, qui se présentent sous la forme d'un cylindre légèrement conique, sont souvent brisés en plusieurs tronçons, séparés par des intercalations de schiste, la roche dont elles sont formées n'ayant pas pu se prêter elle-même, comme les assises plus plastiques du terrain schisteux encaissant, à, l'étirement auquel elle était soumise.

Efforts de compression. - Les efforts de compression sont latéraux et leur maximum a lieu surtout dans les parties creuses du plissement. Ils y atteignent quelquefois des proportions si considérables que les roches les plus dures deviennent plastiques, leurs molécules coulant les unes sur les autres presque comme celles des liquides, ce qui leur permet de mouler les plus petites anfractuosités

et les détails les plus délicats des fossiles qu'elles renferment. Ce n'est même qu'assez récemment que l'on s'est rendu compte des erreurs que la déformation mécanique de ces fossiles, postérieure à leur dépôt, et résultant des efforts de compression ou d'extension, peut entraîner pour leur détermination exacte.

Efforts de torsion. - Les efforts de torsion résultent d'une combinaison des deux autres. Ils se font généralement autour d'un axe horizontal dans une partie de

l'écorce dont une extrémité est soumise à un effort