Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 198]

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PROCÉDÉS D'ESSAI

« Tous les ingénieurs recherchent également le produit qui devra donner les mortiers les plus résistants et les plus stables, celui qui assure aux maçonneries la cohésion la plus forte et la plus constante, quelle que soit l'intensité d'action de certains agents de décomposition peu connus sans doute, mais presque toujours les mémes. Il serait donc désirable qu'il y eût un accord complet entre toutes les clauses des cahiers des charges relatives à la qualité et aux conditions de réception du ciment, et il est nécessaire que ces conditions uniformes soient parfaitement en rapport avec l'état d'avancement de l'industrie et conçues de manière à en favoriser le

progrès. .» La Commission d'unification des méthodes d'essais s'est

arrêtée à une conclusion diamétralement opposée qui est formulée en tête du rapport général : « Il y a lieu d'observer que les différents essais auxquels on soumet un produit sont destinés à reconnaître s'il possède les propriétés répondant à l'emploi spécial qui doit en être fait. Pour certains constructeurs qui voudront se servir

de ciment pour des ouvrages provisoires à la mer, la rapidité de prise aura une importance capitale et la résistance au bout de quelques mois sera tout à fait indifférente; pour d'autres, au contraire, qui auront à confectionner des tuyaux de conduite forcée, la rapidité de la prise ne présentera aucun intérêt sérieux, tandis que la résistance finale à l'extension sera l'une des propriétés les plus importantes à considérer. Ces deux exemples, que l'on pourrait multiplier, suffisent pour montrer que tel essai, indispensable dans un cas déterminé, devient inutile dans un autre... » Avant de prendre parti entre ces deux opinions. contraires, il faut établir une distinction capitale entre les méthodes d'essai employées 'et la valeur numérique exigée pour les grandeurs dont ces essais donnent la me-

DES MATÉRIAUX HYDRAULIQUES.

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sure. Il ne viendra certainement à l'idée de personne de demander pour tous les produits hydrauliques la même rapidité de prise ; cela n'empêchera pas cependant de faire dans tous les cas le même essai de prise. Une variation semblable pourra également, quoique à un moindre degré, être admise pour d'autres essais. On conçoit, par exemple, que, pour des travaux peu importants, on pourra

se contenter d'une résistance à la rupture plus faible, à condition, bien entendu, de payer le ciment moins cher. Mais si l'on veut un produit de première qualité, la même résistance devra être exigée, quels que soient les travaux en vue. Aucun fait connu n'autorise jusqu'ici à penser qu'il puisse y avoir dans une même catégorie, celle des ciments portlands par exemple, des produits de qualité

supérieure jouissant de propriétés notablement différentes et convenant par suite mieux pour tel ou tel emploi. Un acier dur et un fer doux, tous deux de première qualité, sont certainement très différents ; il en serait de même pour deux ciments portlands constitués exclusivement l'un par de l'aluminate de chaux et l'autre par du silicate. Mais, dans l'état actuel de la fabrication, ces nuances, qui doivent cependant exister, échappent à nos procédés d'investigation; il serait tout à fait prématuré de vouloir dès à présent en tenir compte dans les méthodes d'essai.

Il n'y a du reste, en fait, que deux catégories d'essai pour lesquelles le rapport général de la Commission d'unification réclame effectivement de varier les méthodes employées. Ce sont 10 Les essais de résistance à la rupture ;

'2° Les essais de résistance à l'action de l'eau de nier.

Pour les essais de rupture, le motif invoqué pour employer tantôt la flexion, tantôt l'arrachement, tantôt l'écrasement, repose sur la supposition gratuite qu'il n'existe aucune relation entre les résistances à ces trois