Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 190]

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PROCÉDÉS D'ESSAI

Ces essais montrent que par l'eau bouillante on peut déceler des quantités de chaux et de magnésie très faibles qui dans les essais à froid auraient, tout au moins, dans le délai d'un mois, passé inaperçues. La durée suffisante

pour les essais à l'eau bouillante est de quatre heures

quand il s'agit de reconnaitre la chaux seule ou la chaux mêlée à la magnésie, et de vingt-quatre heures pour la magnésie libre isolée. Mais ce dernier cas ne semble pas pouvoir se rencontrer dans, les ciments ; l'essai de quatre

heures serait donc, dans tous les cas, suffisant; on

pourrait, pour plus de sécurité, le prolonger jusqu'à six heures, comme l'a proposé M. Tetmajer. La question capitale qui se pose ici est de savoir si,

réciproquement, de ce qu'un ciment ne résiste pas à l'essai à chaud, on est autorisé à en conclure la présence

de chaux ou magnésie libre ; de plus, est-il certain que ce défaut de résistance à chaud soit l'indice d'un défaut de qualité ? Il n'est pas impossible a priori que certains composés tels que : aluminate basique de chaux, sulfo-

aluminate de chaux, qui seraient susceptibles de faire

prise à froid et de concourir , par suite, d'une façon

utile au durcissement, s'éteignent au contraire en gonflant dans l'eau bouillante. Les expériences de laboratoire n'ont jamais jusqu'ici rien révélé de semblable, mais les fabricants de ciments sont unanimes à déclarer que certains produits de qualité incontestable, qui ont fait leurs preuves dans les travaux, ne résistent pas à ce mode d'essai. Des échantillons de ciments semblables ont été demandés à deux usines fabriquant, l'une des ciments portlands artificiels, l'autre des ciments naturels. Ils sont désignés dans le tableau, les premiers par les lettres A, .B et les

seconds par les lettres D, E.

Les ciments A, B proviennent de la monture de roches grises qui, sans être tout à fait incuites, n'ont pas cependant l'aspect normal des roches de ciment portland bien

DES MATÉRIAUX HYDRAULIbUES.

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cuites. Sur les trois échantillons, l'un A. gonflait déjà énormément à froid ; la présence d'une grande quantité de chaux libre résultant d'un défaut de cuisson ne saurait être contestée. Le second B seul pourrait rentrer dans la catégorie de produits recherchés. A froid, au bout d'un mois, il n'a pas présenté trace de gonflement ; à chaud, au contraire, il a rapidement gonflé.

Pour rechercher si le gonflement à l'eau chaude ne devait pas, pour ce produit comme pour le précédent, être attribué à la chaux, on a fait les expériences suivantes

Le ciment B fut gâché avec une dissolution de CaC1 à

40 grammes par litre, qui a la propriété, comme l'a établi M. Candlot , de rendre l'extinction de la chaux complète avant la prise. Les briquettes immergées après prise dans l'eau bouillante ont présenté un gonflement quatre fois moindre que gâchées à l'eau pure.

Dans une seconde expérience, le ciment B fut additionné

de 2p. 100 de son poids d'eau, enfermé dans un flacon bouché à l'émeri et chauffé pendant vingt-quatre heures à 1000, ce qui parait suffisant pour assurer l'extinction à peu près complète de la chaux. Le ciment ainsi traité fut soumis à l'action de l'eau bouillante et il n'y eut qu'un gonflement très faible.

Ces deux faits rapprochés de ce que ce ciment a été

obtenu par une cuisson insuffisante, dans des conditions semblables à celles du ciment A, prouvent d'une façon indéniable que le gonflement du ciment B à l'eau chaude est biendû à la présence d'une petite quantité de chaux

Le ciment prompt naturel D fut soumis aux mêmes épreuves.

Gâchées avec une solution de CaC1 à 40 grammes par litre ou gâchées à l'eau douce après extinction au moyen de 2 p. 100 d'eau, les briquettes immergées à l'eau bouil-