Annales des Mines (1893, série 9, volume 4) [Image 6]

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DÉTERMINATION DU PHOSPHORE DANS LES FERS

Elle en diffère : 1° par le mode de séparation et de dosage du silicium, qui se fait au moyen de l'acide sulfurique; 2° par le mode de destruction des composés du carbone, où l'on se sert de l'acide chromique ; 3° par la

nature du composé final: ce composé n'est plus le pyrophosphate de magnésie, contenant 27,928 p. 100 de phosphore, mais le phosphomolybdate d'ammoniaque desséché, qui, obtenu par une seconde précipitation dans des conditions toujours identiques, présente une composition constante. Il ne renferme que 1,628 p. 100 de phosphore, c'est-à-dire 17 fois moins que le pyrophosphate. De là une précision beaucoup plus grande dans le dosage. Je me suis attaché à éviter la calcination de l'azotate de fer, l'emploi de l'acide chlorhydrique, enfin la transformation du phosphomolybdate en pyrophosphate de magnésie, qui sont autant de causes d'inexactitude. On opère sur une prise d'essai de 5 grammes pour les fers, les aciers ou les fontes pures ; il suffirait de 1 gramme ou même 0gr,500 pour les fontes phosphoreuses.

Le métal est attaqué par 40 centimètres cubes d'acide nitrique pur dans une capsule de porcelaine assez grande,

qu'on recouvre aussitôt d'un entonnoir renversé, afin d'éviter les projections de gouttelettes liquides. Quand l'effervescence s'arrête, on chauffe doucement pour compléter l'attaque et on lave l'entonnoir avec un peu d'eau, qu'on reçoit dans la capsule. On y verse, tout en agitant

le liquide avec une baguette de verre, 10 centimètres cubes d'acide sulfurique concentré (2 centimètres cubes par gramme de métal). Il se produit un magma volumineux, qui se redissout par l'agitation et la chaleur. On évapore doucement soit sur un petit brûleur à couronne, en remuant constamment pendant un quart d'heure, soit en laissant au bain de sable pendant un temps plus long ; la masse devient bientôt pâteuse, puis se dessèche et se réduit en grumeaux faciles à écraser avec la baguette.

LES ACIERS ET LES FONTES.

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On porte à l'étuve et on maintient à une température de 120 à 125 degrés pendant deux heures, de manière à chasser entièrement l'acide azotique et à rendre la silice bien insoluble dans toute la masse. On redissout ensuite par 50 centimètres cubes environ d'eau bouillante et on lave avec une égale quantité d'eau sur un filtre, en recevant le liquide dans une fiole de 1/2 litre.

La silice reste sur le filtre, elle est habituellement colorée en noir ou en gris par le graphite et peut être mêlée de peroxyde de manganèse. On dissout ce dernier, au-dessus d'une autre fiole, par un peu d'acide chlorhydrique concentré et on lave à l'eau chaude. On calcine, pour brûler le graphite, et on pèse la -silice, qui est devenue blanche. Ce poids, multiplié par le coefficient 0,4667, fournit un dosage exact du silicium, comme dans la méthode de Drown et Shimer. Le liquide filtré contient des composés organiques, provenant de la transformation du carbure de fer sous l'ac-

tion des acides, et qui pourraient gêner la précipitation de l'acide phosphorique.

Pour brûler la matière organique, on ajoute environ 1 gramme d'acide chromique et l'on chauffe pendant une demi-heure à la température d'ébullition. Cette opération

a, de plus, l'avantage de ramener sûrement à l'état d'acide orthophosphorique le peu d'acide pyrophosphorique qui aurait pu se former pendant l'évaporation à sec. On ajoute à la liqueur 4 grammes de sulfate d'ammoniaque, puis on y verse 50 centimètres cubes de la solution molybdique à 5 p. 100 environ, préparée comme de coutume (*), et on maintient à 100° pendant une heure au (*) La solution molybdique se prépare en dissolvant dans l'eau 150 grammes de molybdate d'ammoniaque cristallisé, étendant à 1 litre, puis versant dans 1 litre d'acide nitrique à 1,20 de densité, laissant trois ou quatre jours à la température de 600 et sé-

parant le dépôt par décantation, pour ne se servir que de la liqueur claire.