Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 304]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. DE BOUREUILLE.

suivante, les portes de l'École polytechnique, puis, deux -ans après, celles de l'École des mines, d'où il sortit, en 1832 avec le grade d'aspirant-ingénieur. Il débutait dans la carrière en un moment qui ne pouvait être plus

Legrand, l'éminent administrateur, dont la mémoire est restée si profondément enracinée dans le souvenir de tous ceux qui touchent à l'administration des travaux publics, était, à ce moment, chargé de la haute direction des ponts et chaussées et des mines. Sur sa- désignation, de Boureuille est attaché à son cabinet et spécialement chargé des études, que l'heureuse expérience de la compagnie de Saint-Étienne à Lyon a mises à

,

opportun.

Jusqu'alors les chemins de fer, concédés en vertu de simples ordonnances royales, n'avaient servi qu'à relier des centres industriels aux voies navigables et à transporter des uns aux autres les produits ou les matières premières. L'importance des services, qu'ils avaient rendus au commerce et à l'industrie, était universellement admise ; mais comme ils n'avaient qu'une faible étendue, on s'obstinait à nier leur extensibilité et à ne voir en eux que des outils restreints , uniquement utilisables aux échanges de marchandises. -

Or, un fait venait de se passer qui démentait cette erreur : grâce à l'application des découvertes de Marc Seguin et de Robert Stephenson, la compagnie concessionnaire du chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon avait pu organiser entre ces deux villes un service régulier de voyageurs et de marchandises, et son essai avait pleinement réussi. Dès lors, on dut reconnaître que les anciens systèmes de transport auraient bientôt fait leur temps on pressentit que l'avenir était aux voies ferrées et que celles-ci, en rapprochant les hommes, en multipliant leurs rap;

ports et facilitant l'échange de leurs idées et de leurs produits, seraient appelées à jouer un rôle considérable dans le développement politique et commercial des nations. Ce développement non seulement devait entraî-

ner l'intervention du législateur, mais en outre provoquer à l'étude de nombreuses questions d'ordre technique ou administratif, pour la solution desquelles la collaboration d'intelligences instruites et ouvertes au progrès était indispensable.

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l'ordre du jour. Sous l'impulsion du chef habile qui le dirige, les aptitudes administratives de de Boureuille se développent rapidement; son caractère, son jugement, sa valeur

appellent l'attention, attirent la confiance, à tel point que, lorsqu'en 1838, l'organisation d'un service central de chemins de fer et de police du roulage est décidée, c'est à son jeune collaborateur que Legrand en confie la direction avec le titre de chef de section. Mais l'organisation nouvelle devient bientôt insuffisante, l'importance et le développement des voies ferrées allant sans cesse croissant, et, dès 1842, ils obligent à créer une division spéciale; à la tête de laquelle de BouFeuille est placé. C'était le moment où le gouvernement, préoccupé de la nécessité de procéder à l'organisation de la police des

chemins de fer, faisait étudier par les services et les

conseils compétents, les projets réglementaires qui devaient devenir, peu après, la loi du 15 juillet 1845 et l'ordonnance du 15 novembre 1846, oeuvres capitales, qui répondent encore aujourd'hui, malgré l'extension considérable de notre réseau de voies ferrées et le perfectionnement incessant de l'outillage, à, presque tous les besoins de l'exploitation. En 1850, deux ans après la mort de son maître Legrand,

de Boureuille quitte le service des chemins de fer et

prend la direction de la division des mines.