Annales des Mines (1893, série 9, volume 3) [Image 8]

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BASSINS HOUILLERS DU NORD DE LA FRANCE

ne permettaient guère de mettre en doute le résultat annoncé. D'un autre côté ce résultat ne semblait pas d'accord avec les idées théoriques généralement professées en France sur le prolongement probable des bassins houillers du Nord et du Boulonnais. J'expliquerai tout à l'heure quelles sont ces idées et sur quelles bases elles sont fondées.

La présence de la houille à Douvres était incontestablement une donnée d'importance capitale, et, qu'on eût été ou non disposé à prévoir cette découverte, il était ,naturel d'en saisir l'occasion pour discuter à nouveau les chances de prolongement des bassins connus, et même pour contrôler les théories sur lesquelles on peut s'appuyer pour prévoir, ou au moins pour circonscrire, les emplacements probables ou possibles des nouveaux bassins.

Il était pourtant prudent d'attendre la publication de données, sinon plus formelles, au moins plus circonstanciées et plus précises, avant d'admettre sans réserves l'existence du nouveau bassin houiller. Il était impossible que ces données se fissent longtemps attendre et que la compagnie de recherches, après ce premier succès, ne cherchât pas rapidement à s'édifier sur la valeur de sa découverte. Le sondage, en effet, a été approfondi, et les résultats .viennent d'en être publiés (juin 1892) (*) Aucun doute n'est plus possible désormais : on a traversé plus de 250 mètres (773 pieds) de terrain houiller, avec 8 couches de houille, considérées comme exploitables,.

et dont l'épaisseur est comprise entre 60 et 90 centimètres. Des analyses et des essais calorifiques ont été faits pour les couches les plus profondes : ce sont des (*) Ces résultats ont été résumés par, M. Lorieux, inspecteur général des mines, dans la 8' livraison des Annales des mines vol. 1892, p. 227).

ET DU SUD DE L'ANGLETERRE.

houilles grasses, contenant environ 25 p. 100 de matières volatiles. Le pouvoir calorifique serait de 14,867, c'està-dire comparable à celui des meilleures houilles employées par la marine anglaise. Comme âge, M. Zeiller a

pu, d'après les empreintes végétales, les assimiler soit au faisceau supérieur du Pas-de-Calais, soit comme limite supérieure, aux couches les plus élevées du bassin du Somerset (*). Un point important à ajouter, c'est que les bancs Sont à peu près horizontaux, sans traces de dérangements; on n'a donc pas affaire à. un paquet isolé de terrain houiller, comme celui du Boulonnais, mais on peut compter au contraire sur un champ d'exploitation assez étendu. Rapports de position avec les autres bassins houillers. Quel que doive être l'avenir industriel de ce nouveau bassin houiller, ce qui pour le moment constitue le principal intérêt du sondage de Douvres, c'est la position intermédiaire qu'occupe ce bassin entre celui du nord de la France et ceux du sud de l'Angleterre (Somerset et pays de Galles). Depuis longtemps on a remarqué que la direction prolongée du premier, prise entre Valenciennes et Bruay, irait à très peu près rejoindre Bristol et Cardiff. Entre les extrémités reconnues des deux bassins, il existe un intervalle de 350 kilomètres où n'affleurent que des terrains plus récents. L'idée devait venir naturellement que la ligne qui sur 600 kilomètres, de la Westphalie au Pas-de-Calais, suit une bande ininterrompue

de terrains houillers, qui dans le Somerset et dans le pays de Galles rencontre de nouveaux bassins, était une

ligne privilégiée au point de vue de la formation ou de la conservation de la houille, et que des recherches le long (**) C. R. Ac. Sc., 21 oct. 1892. 1892, p. 599.

Ami,. d. mines, 20 vol. de