Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 345]

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LE ,GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

Les premiers essais eurent lieu aux Mines d'Anzin, en

-septembre 1888, avec des mélanges binaires préparés par la poudrerie nationale de Sevran-Livry. Faut-il dire que tout d'abord les mineurs éprouvèrent une certaine répugnance à employer ces nouveaux explosifs? Tout le monde sait combien les tâtonnements sont pénibles et les résistances difficiles à vaincre. c, Les nouveaux explo-

sifs, nous disait-on, ne pourront certainement pas allumer le grisou, car ils ne détonent pas! » Un des ingénieurs de la Compagnie, d'un zèle à toute épreuve, M. Chénet, que la mort vient malheureusement de nous enlever, fut attaché d'une façon spéciale à ces

essais et assista au tirage de tous les coups de mine chargés avec les explosifs expérimentés. Nous avions la foi et le désir le plus ardent de voir réussir ces essais ; au bout de peu de temps, nous pouvions indiquer les explosifs qui, avec certaines modifications, nous paraissaient réellement pratiques. Nous fîmes immédiatement appel à l'industrie privée, et la Société générale de dyna-

mite se prêta avec le plus grand empressement à tous les essais de fabrication qui lui furent demandés. Il nous fut facile dès lors d'obtenir rapidement des mélanges de dynamite-gomme et d'azotate d'ammoniaque présentant

l'aptitude nécessaire à la détonation avec les températures admises par la Commission. Bref, les expériences avaient eu lieu fin 1888; au mois

de juin 1889, les explosifs de sûreté étaient seuls employés dans nos exploitations grisouteuses. Anzin, qui s'était engagé lentement dans la voie de Véclairage perfectionné, adoptait cette fois, pour ainsi dire du jour au lendemain, l'emploi des explosifs de sûreté. D'autres Compagnies avaient suivi le mouvement, et cette solution reçut sa consécration dans une circulaire ministérielle en date du ter août 1890, dont on peut résumer comme suit les principaux articles

LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

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Règlement sur l'emploi des explosifs.

Art. Pr. L'usage de la poudre noire est interdit dans toutes les mines ou quartiers de mine, oit l'on emploie la lampe

de sûreté.

cc Art. 2. Les seuls explosifs autorisés devront satisfaire aux

conditions suivantes

1° Les produits de leur détonation ne contiendront aucun

élément combustible;

e Leur température de détonation ne devra pas être supé-

rieure à 1.9000 pour les explosifs employés au 'travail du percement au rocher, ni à 1.5000 pour ceux qui seront employés dans les travaux en couche. Art. 3. Le dosage des éléments constitutifs de l'explosif devra toujours être inscrit d'une maniére apparente sur la cartouche. c( Art. 5.

Le bourrage des explosifs sera fait soigneusement avec des matières plastiques, de manière à éviter le débourrage; la hauteur n'en sera pas inférieure à 0-',20 pour les premiers 100 grammes de la charge, avec addition de Om,05 pour chaque centaine de grammes ajoutée; on ne sera toutefois jamais obligé de dépasser Onn,50. La détonation de la cartouche sera provoquée

par une capsule fulminante, assez énergique pour assurer la

détonation de l'explosif, même à l'air libre ».

Depuis lors, les explosifs dits de sûreté n'ont jamais provoqué d'inflammation de grisou. Est-il permis d'en conclure iqu'ils sont d'une innocuité absolue? Peut-être, mais comme, en matière aussi grave, la sécurité ne peut être trop grande, et d'accord en cela avec les sages conclusions formulées par M. Mallard, la Compagnie juge prudent de rester fidèle à son principe qui consiste à éviter, avant tout, la moindre accumulation de gaz par une ventilation énergique et par un aménagement rationnel du courant d'air. Dégagement violent de grisou à Réussite. Un incident qui se produisit à Réussite vint nous prouver que, malgré tous les perfectionnements réalisés, le grisou