Annales des Mines (1892, série 9, volume 2) [Image 122]

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LE GRISOU AUX MINES D'ANZIN. 1810-1892.

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D'ANZIN. 1810-1892. LE GRISOU AUX MINES

met le feu à la veine, « Il arrive souvent que le grisou seconde explosion ; il arsans que ce feu occasionne une qu'il produit va se rive également souvent que la flamme; mais le plus soublottir dans un coin et s'y absorber entièrement coupé l'air vent ce n'est qu'après lui avoir qu'il s'éteint. Ce moyen ne réussit en bouchant son issue d'aller jeter de pas toujours, car on est quelquefois obligé une pelle pour l'eau dessus, ou d'agiter un chapeau ou s'en débarrasser. disent que le grisou ne prend « Il est des personnes qui modéré et que le trop ou le feu que lorsque l'aérage est inflammations. Cette opitrop peu d'aérage empêche les est à croire que le trop nion paraît un peu douteuse, et il ait pas assez pour pouvoir peu d'air (à moins qu'il n'y en provoque les inflammay tenir une chandelle allumée) tions au lieu de les empêcher. 1) se faisait du Cette note nous montre bien l'idée que de notre siècle et la grisou le mineur du commencement de

il était forcé

situation périlleuse où il se trouvaitquelque sorte avec

vivre avec le grisou, d'engager en le voir maintes fois en lui, une lutte corps à corps « de l'air, ou jeter de l'eau petite explosion, d'aller lui couper une pelle pour dessus, ou d'agiter un chapeau ou débarrasser » (*).

s'en

comprenait quelques (*) Le costume du mineur de l'époquecaractéristique. Le midescription est assez accessoires dont la les pieds, pour les garantir contre en toile neur au travail portait aux sorte de bottines brûlures du grisou, des housetles , de la cheville; il avait souavec guêtres qui se liaient au-dessus était couverte d'une calotte vent aux mains des gants et la tête les oreilles et le cou. Les qui protégeait l'anen toile, cendrinette, cendrinettes furent supprimés vers housettes, gants et

née 1827. de la Compagnie aucune Nous n'avons trouvé dans les archives dans certains bassins

trace de l'existence du pénitent qui, de mettre le feu au grisou lers à couches puissantes, était chargé avant la descente des ouvriers.

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Voyons maintenant de quelles armes disposaient nos anciens au triple point de vue de l'aérage, de l'éclairage et du tirage des mines.

1° Aérage. - Les mineurs de 1810 avaient des idées très justes sur l'aérage ; ils savaient que le moyen le plus sûr « de paralyser le gaz était de faire circuler l'air avec vivacité ». les toque/eux, les foyers étaient connus depuis longtemps. Il existait toujours à cette époque une double communication avec la surface. Comme on ne connaissait pas encore les rails et les wagonnets, les difficultés du transport à l'intérieur étaient si grandes qu'on était obligé de creuser les puits à une très faible distance les uns des autres. (Pour une extraction de 233.000 tonnes, en 1810, la Compagnie n'avait pas moins'de 25 puits d'extraction.) On voit de suite combien cette circonstance était favorable à l'aérage : le peu de développement des travaux

n'exigeait, pour la circulation de l'air, qu'une faible dépression qu'on obtenait facilement avec des foyers très primitifs.

On cherchait d'ailleurs sans cesse à perfectionner les moyens d'aérage, car nous lisons dans un rapport les phrases suivantes « Les cheminées d'aérage d'une grande élévation, à l'instar de celles du Borinage, vont

bien et font un bon effet, tant sur les fosses à grisou que sur les autres. L'essai de diriger l'aérage par un conduit qui aboutit au feu des machines à feu et à rotation n'a pas produit le bien que l'on en attendait : il serait peutêtre bon de ne pas se tenir pour battu (*). » 2° Éclairage. - Le système d'éclairage était au com(*) Pajot- Descharmes disait, en 1781, que « si les mines

d'Anzin sont peu sujettes au feu terrou, c'est à la bonne distribution de l'air qu'on est redevable de l'éloignement de cet ennemi des mineurs. n