Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 249]

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ÉTUDE SUR LES GÎTES MÉTALLIFÈRES

A priori, il est évident que les diverses causes énumérées ci-dessus ont dû exercer une influence d'autant plus défavorable que la profondeur devenait plus grande. A mesure que l'on s'éloigne de la surface, les frais d'entretien et d'épuisement augmentent ; le rendement utile de

l'ouvrier diminue, s'il est obligé de circuler par les échelles, ainsi que cela se fait encore dans la plupart des mines métalliques ; enfin les travaux de fonçage et d'aménagement deviennent plus longs et plus dispendieux. Si le rendement du filon par mètre carré de surface exploi-

tée reste sensiblement constant, le bénéfice net doit aller en diminuant à mesure que la profondeur augmente.

Inversement, pour que ce bénéfice restât le même, il faudrait que le filon devînt plus productif dans ses zones profondes. L'influence de l'approfondissement des travaux s'ag-

DE PONTGIBAUD.

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traire, de succomber si la crise coïncide avec un appauvrissement du remplissage ou une diminution momentanée de puissance. Les variations de richesse des gîtes, fussent-elles soumises à des lois déterminées, sont donc fatalement une cause d'abandon des travaux à partir d'une certaine profondeur ; leur influence s'exagère encore si les causes et les lois de la variation sont difficiles à découvrir. Le préjugé si répandu en faveur de l'appauvrissement des filons en profondeur est donc fondé principalement sur des raisons économiques ; ses origines doivent être recherchées bien plutôt dans le mode de conduite ordinaire des exploitations que dans les lois régissant la distribu-

tion du minerai. Pour se faire une opinion motivée sur cette question importante, il faudrait réunir des documents très précis sur les variations de richesse des filons, mais ces documents sont en somme assez peu nombreux

grave lorsque les mines traversent une de ces crises

jusqu'ici.

comme il s'en produit périodiquement dans leur existence. A un moment donné, la puissance des appareils d'extrac-

Parmi les études qui ont conclu en faveur de l'hypothèse de l'appauvrissement en profondeur, une des plus intéressantes est celle de M. J. Pernollet , fondée sur les résultats de l'exploitation des mines de Huelgoat et

tion et d'épuisement devient insuffisante, la section des puits se trouve souvent trop faible pour permettre d'effectuer les installations nécessaires sans une réfection complète, fort dispendieuse à grande profondeur. Si la direction a été prévoyante, si elle a songé en temps utile à préparer l'installation d'engins nouveaux et à s'assurer les réserves financières indispensables, la phase de transformation peut être traversée sans incidents et sans diffi-

cultés apparentes. Si au contraire les ressources font défaut, si la mine doit subir un chômage prolongé pour préparer l'exploitation des niveaux inférieurs, l'affaire subit une crise grave qui menace de compromettre son existence même. Elle peut en sortir, non sans peine, si les travaux les plus profonds montrent le gîte sous un aspect assez favorable pour donner confiance aux capitaux nouveaux devenus nécessaires ; elle risque, au con-

Poullaouen (*).

Les diagrammes publiés par cet ingénieur représentent les variations des longueurs exploitables comptées suivant chaque niveau : ils montrent ces longueurs passant par un maximum pour une certaine profondeur moyenne, et décroissant ensuite rapidement. La rapidité du décroissement est telle que, si on prolonge la courbe figurative en dehors de la région correspondant aux observations, ainsi que l'a fait M. Pernollet, cette courbe vient couper l'axe à petite distance des points extrêmes observés, et cela sous un angle considérable. L'auteur en concluait que le minerai devait disparaître du remplissage à une (" ) Ann. des mines, 4' série, t. X (4846), p. 420 et 450.