Annales des Mines (1892, série 9, volume 1) [Image 70]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

134

DE L'ACTION DE L'EAU EN MOUVEMENT

En supposant que la perte de poids du cylindre 1 ne soit due qu'à là solubilité du calcaire lithographique, c'est-à-dire que la vitesse de l'eau environnante ait été absolument nulle, ce qui n'est pas évidemment tout à fait exact, si on prend en abscisses (Pl. V, fig. 12) les vitesses de l'eau par seconde et si on élève des ordonnées égales à la différence d'usure entré ChaCun des cylindres con-

tenus dans le tube et lé cylindre demeuré au fond du flacon, on aura encore une courbe très voisine d'une parabole. 11 suffisait, en effet, que le cylindre n° 3 eût perdu par heure une épaisseur totale de 0,0000247 millimètres au lieu de 0,0000261, et le cylindre n° 4 0,0000241 au lieu de 0,0000231 pour que la courbe fût exactement une parabole y = qx2 où a == 0,000000018. Cette valeur

représenterait donc approximativement le coefficient d'usure par le mouvement, c'est-à-dire l'excès de l'usure dû au mouvement du liquide sur l'uSuré 'en. repos, ou solubilité pour chaque centimètre par :seconde de vitesse de l'eau. Ces expériences fort longues puisqu'elles ont duré trois années entières; n'ont que la valeur d'une première approximation ; néanmoins, dans leurs conditions expé-

rimentales de rigueur, elles ne sont pas sans utilité. Il convient, en effet, de se rappeler qu'un phénomène naturel est comparable à une équation unique à un nombre considérable d'inconnues, impossible à résoudre pour le mathématicien comme pour le naturaliste autrement que par des approximations, limites plus ou moins étendues mais certaines. On croyait jusqu'à présent devoir expliquer l'absence

de calcaire dans les abîmes de la mer en admettant que les foraminifères tombés de la surface au-dessus de ces points disparaissaient, avant d'atteindre le fond, par

dissolution dans l'eau, et que cet effet était notablement augmenté. par. la, vitesse de chute. J'ai constaté

,11

SUR QUELQUES MINÉRAUX. 135 ailleurs (*) que la solubilité du calcaire dans l'Océan est faible ; d'autre part, la valeur peu élevée des coefficients 0,000000022 et 0,000000018 montre que l'excès d'usure dû au mouvement n'a pas une grande importance. Enfin, d'autres expériences me permettent de limiter

à 20 ou 30 heures le temps nécessaire aux globigérines pour descendre à 2.000 mètres.

Tout s'accorde donc pour contredire la théorie énoncée et pour appuyer, au contraire, la théorie chimique de Mohr et celle plus récente de MM. John Murray et Irvine (**).

(*) J. Thoulet : De la solubilité de quelques l'eau de nier (Comptes rendus de l'Académie des substances dans sciences, 24 mars 1890). (**) John Murray and Robert Irvine : On coral carbonate of lime formations in ,modern seas, reefs and other Proceed. of the Royal Soc. of Edinburgh , 1890, p. 79.