Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 350]

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650 L'INDUSTRIE MÉTALLURGIQUE DANS SES RAPPORTS

Les essais mécaniques ont certes de grands avantages;

ils ont l'exactitude des chiffres et ils en ont aussi la rigueur ; mais il ne faut pas oublier que le renseignement

fourni par eux ne s'applique qu'a la feuille de tôle d'où 'la barrette est extraite ; elle ne s'applique même pas à cette feuille tout entière, car il n'est pas rare de voir des barrettes prises aux deux extrémités d'une même tôle donner des résultats assez contradictoires pour permettre la recette d'une des moitiés de la feuille et en exclure l'autre moitié. Le jugement de Salomon ne saurait s'appliquer en pareil cas, et la Marine reconnaissant ellemême ce que la stricte application du tableau fixant les résistances et les allongements aurait de trop rigoureux,

a accordé sur les résistances moyennes minima une tolérance pouvant aller jusqu'à 3 kilogrammes, pourvu que ce déficit soit compensé par un accroissement d'allongement, de telle sorte que la somme des résistances

et des allongements portés au tableau ne soit pas diminuée. Il n'est accordé aucune tolérance en moins sur les allongements. L'épreuve à chaud prescrite par la Marine consiste a exécuter avec un morceau de tôle de dimensions convenables une calotte hémisphérique avec bord plat conservé dans le plan primitif de la tôle ; en outre, pour les tôles de plus de 5 millimètres d'épaisseur, l'ingénieur chargé

de la recette peut, s'il le juge à propos, faire confectionner une cuve à base carrée à bords relevés d'équerre. Le rapport entre le diamètre de la calotte et les côtés de

la cuve d'une part, et l'épaisseur de la feuille de

tôle

d'autre part est imposé. Nous n'y insistons pas, car avec trop

une fabrication soignée les usines arrivent, sans d'efforts, à obtenir ces objets sans gerçures ni fentes,

ainsi que l'exige la circulaire. L'essai de trempe, qui termine la série des épreuves auxquelles les feuilles de tôles sont soumises avant leur

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AVEC LES CONSTRUCTIONS NAVALES.

réception, se fait de la manière suivante : on y découpe des barrettes de 26 centimètres de longueur et de 4 centimètres de largeur, tant dans le sens du laminage que dans le sens du travers ; ces barrettes chauffées uniformément de manière à être portées au rouge clair, puis trempées dans l'eau à 28 degrés, doivent pouvoir prendre

sous l'action de la presse, sans présenter de trace de rupture, une courbure permanente dont le rayon minimum mesuré intérieurement ne doit pas être supérieur à l'épaisseur du barreau expérimenté. Avec les progrès

qu'a fait la fabrication de l'acier, ou plutôt des fers fondus, car l'essai prescrit a précisément pour but d'empêcher le fournisseur de livrer des matières aciéreuses, il est facile de satisfaire à cette épreuve envisagée isolément, mais la difficulté s'accentue quand il faut obtenir

en même temps les résistances à la rupture et l'allongement indiqués plus haut, surtout avec les aléas inévitables que présente ce genre d'expérimentation. La fabrication des Fabrication des tedes de coque. tôles de coque se fait dans les mêmes conditions que celle des produits similaires employés par les autres industries pourtant, en ce qui concerne la production de l'acier brut,

la Marine, tout en admettant l'emploi de matières premières phosphoreuses, ou plutôt en ne se préoccupant pas de la composition chimique de ces matières, a exigé qu'elles soient affinées sur la sole du four Siemens-Martin.

Autrement dit, la Marine exclut le métal Thomas provenant de l'affinage des fontes phosphoreuses dans le convertisseur, mais admet le métal du four basique, sans s'inquiéter de la nature des matières qui y sont refondues. Quant aux produits de l'ancien procédé Bessemer acide, obtenus avec des fontes provenant de minerais riches et

à peu près exempts de phosphore, elle n'en refuse pas l'emploi ; mais la difficulté qu'on éprouve à obtenir dans Tome XVIII, 1890.

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