Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 342]

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DE L'EMPLOI DE CERTAINS DÉSINCRUSTANTS

DANS LES CHAUDIÈRES A PETITS ÉLÉMENTS.

de diamètre extérieur et 3nini,6 d'épaisseur. Ils sont accessibles à l'intérieur, des deux côtés, grâce à l'existence de tampons de nettoyage.. Capacité totale de la chaudière, 2.000 litres ; timbre, 10 kilogrammes ; produit caractéristique, 166 (2° catégorie).

Ce générateur a été construit, en 1889, par la Société anonyme coopérative pour la construction des chaudières

inexplosibles, et installé chez M. Magnier dans le rant de la même année.

cou-

Le 26 novembre, il avait été arrêté parce qu'un des tampons fuyait. On profita de l'occasion pour gratter une

partie des tubes inférieurs, et notamment les

tubes de

coup de feu. Le 29, on le remit en pression. A trois heures vingt minutes du soir, le tube de coup de feu situé le plus

à droite s'ouvrit dans sa région postérieure sur une ion« gueur de 0111,295, avec bâillement maximum de 0'1,086 (fig. 3 à 8, Pl. XIII). Il s'ensuivit une secousse qui ébranla et

lézarda le fourneau. Le chauffeur n'eut aucun mal, mais le mécanicien, qui était occupé dans une sorte de couloir situé à gauche du générateur, eut la fâcheuse inspiration de vouloir s'échapper en passant à portée du jet de fluides

brûlants qui sortait du foyer; il fut ainsi blessé si grièvement qu'il succomba quelques jours après. Le tube crevé présentait dans la région de la déchi-

rure une coloration indiquant un métal surchauffé. Cependant l'eau n'a pas manqué dans la chaudière. Le

chauffeur assure que le niveau était à bonne hauteur dans le tube de verre, et sa déclaration est confirmée par le témoignage du propriétaire de l'établissement, qui

se trouvait à proximité du générateur vingt minutes avant l'accident ; ce dernier ajoute que le manomètre marquait alors 7 kilogrammes. M. l'ingénieur WalcItenaer a, d'ailleurs, fait essayer à froid un tronçon du tube avarié, prélevé dans sa partie restée saine ; il s'est ou-

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vert sous une pression hydraulique de 227 kilogrammes par centimètre carré, correspondant à un effort de 23 kilogrammes par millimètre carré exercé le long de la gé-

nératrice de rupture. Si l'on tient compte, en outre, du nettoyage récent des tubes de coup de feu, on est amené à conclure de ces diverses constatations que l'accident doit être attribué à une surchauffe, et que cette surchauffe a été elle-même la conséquence d'une insuffisance de circulation dans le tube qui a fait explosion. Cette explication est corroborée de la manière la plus probante par le fait suivant : avant la mise en feu du jour de l'accident, M. Magnier avait fait introduire dans le réservoir supérieur du générateur 3 kilogrammes environ de bois de campêche en menus fragments. On n'en a rien retrouvé

dans le réservoir; la totalité de la charge était descendue dans le faisceau tubulaire et s'était répandue en partie dans les tubes supérieurs, en partie aussi à la base des collecteurs, dans les tubes inférieurs et même dans le distributeur d'alimentation. lin particulier, le tube crevé était obstrué, vers l'avant, par un paquet de bois de campêche, et il y en avait un autre paquet à la base de la boite mère servant de liaison entre ce tube et le distributeur. Dès lors, il est naturel d'attribuer l'explosion à l'obstacle opposé par le bois de campêche à la libre circulation des fluides dans le tube crevé.

Dans ces deux exemples, on s'est servi comme désincrustants de substances qui sont employées d'une façon usuelle pour empêcher la formation de dépôts adhérents dans les chaudières à grands corps. Mais l'on n'a pas réfléchi que les matières solidP, telles que les pommes de terre et le bois de campêche, que l'on charge impunément à assez forte dose dans ces derniers appareils, peuvent déterminer dans les chaudières à petits éléments des obstructions capables d'en compromettre l'existence et de donner TOPIC XVIII, 1890.

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