Annales des Mines (1890, série 8, volume 18) [Image 328]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

606

ESSAIS FAITS AUX MINES DE LIÉVIN.

La circulaire ministérielle appelle l'attention des ex. ploitants sur la question des amorces. Elle exige que la capsule de fulminate soit assez forte pour assurer la détonation complète de l'explosif à l'air libre. Nous avons remarqué assez souvent que les capsules à 2 grammes elles-mêmes ne font pas toujours détoner complètement les explosifs à basse température, quand cette détonation se produit à l'air libre. On sera sans doute obligé de dépasser la charge de 2 grammes, pour se conformer aux prescriptions ministérielles ; mais comme les capsules pourraient devenir dangereuses, il conviendra de les renforcer d'une façon suffisante et, en tout cas, de ne les employer qu'après s'être assuré qu'elles présen-

tent toute sécurité dans les mélanges grisouteux. En ce qui concerne les poussières, on a remarqué 1° Que le bourrage fait avec des poussières ténues, inflammables, n'aggrave pas le danger d'une mine chargée d'une substance susceptible d'être parcourue par l'onde explosive ;

2° Que les explosifs à basse température de détonation

sont sans action sur les poussières seules en suspension dans l'air, au moins quand les charges ne dépassent pas 120 grammes ; Que les explosifs à moyenne température de détonation enflamment les poussières en suspension dans l'air, tout comme les explosifs à haute température et les poudres déflagrantes ;

3° Que les mélanges gazeux, qui ne sont pas allumés par les explosifs à basse température de détonation, ne le sont pas davantage quand ils tiennent des poussières charbonneuses inflammables en suspension. En se plaçant au point de vue des poussières, comme au point de vue du grisou, on donnera la préférence aux explosifs à basse température de détonation, chaque fois

SUR LES EXPLOSIFS DE SÛRETÉ.

607

qu'on les trouvera d'une force suffisante pour le travail à faire.

Enfin, on ne perdra jamais de vue que les explosifs de sûreté sont des mélanges, qu'ils ne posséderont complè-

tement les qualités qu'on en attend, qu'à la condition d'être fabriqués avec soin. Le mélange doit être fait dans les proportions voulues et posséder une grande homogénéité. C'est là un point que les exploitants devront surveiller fréquemment soit par des analyses, soit par des essais dans les mélanges gazeux. Dans ces conditions, et en prenant, pour l'emploi, les précautions indiquées plus haut, les explosifs de sûreté donneront, nous le répétons, une grande sécurité. Leur introduction dans les mines à grisou marquera un progrès aussi important que l'invention de la lampe de sûreté et celle des ventilateurs perfectionnés. N'oublions pas que c'est à la Commission française des substances explo-

sives que revient, pour la plus large part, l'honneur de ce progrès ; ses beaux travaux scientifiques ont jeté une grande clarté sur la question des explosifs qui, avant elle, était abandonnée aux méthodes empiriques.