Annales des Mines (1889, série 8, volume 16) [Image 228]

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DISCOURS PRONONCÉ

AUX FUNÉRAILLES DE M. ED. FUCHS.

les professeurs des cours spéciaux. En vue d'utiliser sa science profonde, le Conseil de l'École avait pris auprès de M. le ministre des travaux ,publics l'initiative de la transformation du cours d'agriculture , qui est devenu entre les mains de Fuchs le cours de géologie appliquée. Cet enseignement a donc été créé par lui, honneur qui est dévolu à bien peu de professeurs. Il a en même temps entrepris, à l'appui de ses leçons, de doter l'École d'une collection des gîtes minéraux, qui constitue pour ses galeries une richesse nouvelle. Notre camarade présentait pour ce nouveau poste des

mière classe. En dehors de l'École, il a joué un rôle important dans le service de la carte géologique détaillée de la France, l'un des plus considérables du Corps des mines. De son côté. M. le ministre des colonies se l'était

qualités exceptionnelles. Son ardeur infatigable, son tempérament de fer l'ont en effet, pendant toute sa vie, porté à entreprendre des voyages dont le nombre et l'étendue effraient l'imagination : en Suède, en Russie, en Galicie, en Tunisie,. au Colorado, dans la Sonora, au Tonkin. Je ne cite que les principaux; et pour un certain nombre de

attaché avec le titre d'ingénieur conseil des mines des pays de protectorat. Une distinction exceptionnelle lui a encore été décernée. Nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1867 pour son utile participation à l'organisation de l'Exposition universelle de cette même année sous les ordres de Le Play, il reçut en 1870 la croix d'officier pour faits de guerre, comme s'étant distingué par son courage et son sang-froid à la bataille du Mans, en qualité de chef du génie auxiliaire du seizième corps commandé par l'amiral

ces contrées lointaines, il y est retourné à plusieurs reprises. Son étonnante pénétration, sa rapidité de con-

Jauréguiberry. En cherchant dans mes souvenirs, je ne retrouve pas pour le Corps des mines d'autre exemple d'une aussi jeune croix d'officier. Il n'avait alors que trente-trois ans. Plus tard encore, il a refait connaissance avec le feu

ception lui avaient formé un coup d'oeil habile à démêler les conditions si multiples; et parfois si obscures, qui ca-

fusillade des Chinois. Mais ce n'étaient pas les balles des

ractérisent les gisements minéraux exploitables , tout comme l'allure des grandes masses de l'écorce terrestre. Fidèle à l'habitude de prendre des notes journalières, il avait ainsi accumulé une énorme quantité de matériaux. La nouveauté, la grande valeur d'un tel enseignement étaient bien faites pour exciter l'intérêt, et je ne laissais pas de repos à son auteur pour obtenir qu'il publiàt enfin ce cours, fruit de tant d'efforts.. Hélas ! le tourbillon de ses occupations l'a toujours absorbé. Il emporte dans la tombe son érudition. Messieurs, c'est un deuil pour la science !

Les honneurs n'avaient pas trahi son mérite. Le 16 juillet 1881

il était nommé ingénieur en chef des mines, et le 1'r juillet 1885, ingénieur en chef de pre,

de l'ennemi, et il a essuyé, sous les murs d'Hanoï, la pirates qui devaient l'atteindre dans ce pays d'où il rapporté la mort. Epargné par le climat lors de ce premier voyage, auquel est due la découverte d'une partie des richesses minérales du Tonkin, il devait plus tard contracter dans les eaux malsaines de ses rizières, mises en contact avec une blessure de la jambe, une sorte d'empoisonnement du sang, sous l'influence duquel nous l'avons

vu lentement décliner, jusqu'à la catastrophe soudaine qui nous l'enlève aujourd'hui. Dans le cours d'une carrière aussi militante, sa plume

ne restait pas inactive. Son premier travail sur le gîte de Stassfurt avait été de suite remarqué et inséré dans les Annales des mines. Ce recueil, ainsi que le Bulletin de la Société géologique et celui de la Société de géogra-