Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 296]

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L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

En 1819, après que l'École eut reçu son organisation stable et définitive par l'ordonnance du 5 décembre 1816 et les règlements qui suivirent cette ordonnance, après que le nouveau bail eut assuré un peu plus de stabilité matérielle et donné plus d'espace disponible, de nouveaux travaux d'aménagement furent repris (*). Ils permirent

de porter à 10 le nombre des places du laboratoire, en étendant celui-ci dans les dépendances de l'aile nord, et par suite d'avoir un effectif de 20 élèves au moins pouvant, par roulement, travailler toute l'année au laboratoire; la bibliothèque fut augmentée d'une pièce, et on put songer à mettre un peu d'ordre dans les collections restées jusque-là entassées (**), notamment dans les collections statistiques départementales et de modèles (***), qui avaient pris l'accroissement que nous avons mentionné p. 479. Malgré d'autres développements successifs donnés aux installations, spécialement en 1822 (****), la situation de (*) Les dépenses s'élevèrent à quelque 20.000 francs, à nouveau pris sur les fonds restés disponibles de Pesey. Comme toujours Lefroy fut chargé de la direction immédiate de ces travaux, ce dont il s'acquittait avec une habileté et une économie justement remarquées. (**) À cette occasion, Dufrénoy, qui venait à peine de terminer' ses études, fut adjoint à Lefroy pour le rangement des collections; il entra ainsi au service de cette École, où il devait passer les 50 années de sa vie et qu'il devait élever à un si haut degré de prospérité. (**") Ces collections, avons-nous dit (p. 479), étaient plus nombreuses que scientifiques. Dans les quelque 100.000 échantillons ou objets qu'elles comprenaient, Brochant de Villiers, en 1816, avait disposé une collection systématique de minéralogie, classée d'après le système français, ne comptant guère plus de 800 échantillons; il y avait, en outre, une collection spéciale classée d'après

le système de Werner, qui pouvait avoir environ 500 échantillons (voir p. 500, note 1). ("*"") Pour l'année scolaire 1821-1822, l'administration avait accordé un crédit extraordinaire de 21.600 francs, qui fut principalement employé à acquérir et installer le mobilier nécessaire' pour le rangement des collections.

NOTICE HISTORIQUE.

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tous les services resta toujours fort misérable, faute de place suffi sante. Les salles d'étude, dont une partie avait été reportée à l'entresol sur la cour, étaient mal éclairées, insuffisantes par suite du nombre croissant d'élèves, dispersées çà et là de manière à rendre la surveillance malaisée. Les salles de lab oratoire étaient petites, mal disposées, humides et présentaiont trop peu d'élévation. Les collections qui s'augmentaient sans cesse (*) continuaient à s'entas-

ser sans ordre, en p artie non déballées ; les salles qui leur étaient consacrée s devenaient inabordables par suite

de cet encombrement. La surveillance générale était rendue bien difficile par 1, présence des locataires étrangers qui occupaient tout 1 second de l'hôtel, en sorte que l'administration de l'Eco le n'avait même aucune action sur le portier-concierge, personnage dont le rôle ne laisse pas de jouer, on le s ait, une certaine importance dans la discipline intérieur d'une École. Aussi dès 1823 le conseil de l'E cole avait-il demandé l'achat de l'hôtel pour que l'adminis tration, absolument et définitivement maîtresse de ses a tes, pût donner à l'institution déjà si florissante (**) tous le s développements

qui lui étaient nécessaires. Ce projet ne devait aboutir que sous le gouvernement de Juillet, par la loi du 12 juillet 1837, après que l'École eut subi une as ez profonde transformation et dans son administration t dans son enseignement. Avant de se décider à l'achat de l'hôtel, le gouvernement avait même étudié la possibilité d transporter l'École soit à l'hôtel d'Orsay, soit à l'hôtel de la () Tandis qu'en 1816 l'ensemble des collections était réputé représenter quelque 100.000 échantillons, dès 1820, Brochant de Villiers les mentionnait comme en comprenant 140.000. La seule collection systématique de minéralogie était passée, en quatre ans, de 800 à 4.000 échantillons. (**) En 1823, l'effectif des élèves titulaires était d'une trentaine, non compris une douzaine d'élèves autorisés dont plusieurs ne différaient guère des véritables élèves titulaires.