Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 281]

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NOTICE HISTORIQUE.

L'ÉCOLE DES MINES DE PARIS.

Découvert en 1714, le gite fa tout d'abord exploité fai-

blement et par intervalles. En 1742 il passa aux mains d'une compagnie anglaise qui avait obtenu un privilège exclusif pour la recherche des mines en Savoie, avec concession pour 40 ans de celles qu'elle découvrirait. Mais vers 1760, après 18 ans d'une exploitation très lucrative, la compagnie anglaise fut forcée de rétrocéder cet établissement à une compagnie sarde qui continua l'exploitation

jusqu'à la conquête de la Savoie par la France en 1792. Les principaux actionnaires et employés avaient émigré et les travaux étaient suspendus. La mine fut déclarée nationale par un arrêté de l'administration départementale du Mont-Blanc du 9 brumaire an 11 (30 octobre 1793) ; mais il n'y fut plus travaillé jusqu'à la reprise qu'allait provoquer l'installation de l'École dans le milieu de 1802. De 1745 à 1792, la mine de Pesey avait produit 14.670

tonnes de plomb et 36.670 kilogrammes d'argent, soit environ par an 300 tonnes de plomb et 800 kilogrammes d'argent. De 1760 à 1792, le bénéfice réalisé avait été de 2.067.269 francs, soit moyennement 65.000 francs par an. Mais il s'était élevé dans certaines années, notamment en 1774 (*), jusqu'à 216.000 francs. Par contre, de 1786 à 1792, le fond de la mine se trouvant inondé et la grande galerie d'écoulement faite pour la désinonder n'ayant percé aux eaux que dans cette année (**), l'exploiJournal des mines (t. XX, 2' semestre 1806), sous le titre

Statistique des mines et usines du département du Mont-Blanc les renseignements relatifs à la direction de Schreiber proviennent des archives du ministère des travaux publics, registres du conseil général des mines, etc. (*) En 17'74., la mine aurait produit les quantités réellement énormes pour l'époque de 3.160 tonnes de plomb et 4.689 kilogr. d'argent. ("*) Cette galerie de fond avait, avec les contournements de son tracé, une longueur de 1.300 mètres environ ; sa longueur réduite ne correspondait qu'à quelque 600 mètres; elle venait percer

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tation n'avait porté que sur de vieux piliers, et le bénéfice annuel n'avait été moyennement que d'une quarantaine de mille francs.

Ces résultats avaient déterminé le gouvernement à mettre l'École à Pesey. Non seulement, en effet, il entendait que les bénéfices de l'exploitation fissent face à toutes

les dépenses de l'Ecole , mais encore il ne fut alloué à l'administration des mines aucun crédit extraordinaire pour les premières dépenses. Une diminution opérée sur les traitements des ingénieurs de tout grade permit de pourvoir à ces frais ; le talent et l'activité de Schreiber, qui avait été nommé directeur, permit de réaliser le programme. Les preuves d'habileté qu'avait données cet ingénieur et les succès qu'il avait obtenus depuis 1777, dans l'exploitation des mines voisines d'Allemont (*), jouèrent certainement un grand rôle dans sa désignation à ce nouveau poste et, peut-être même, dans l'adop-

tion du plan réalisé par l'arrêté consulaire du 12 février 1802.

Les conditions dans lesquelles Schreiber débutait dans sa direction n'étaient cependant guère favorables. L'établissement se trouvait abandonné depuis plus de dix ans ;

les galeries et puits étaient partiellement éboulés ; la maison de direction et les baraques des ouvriers inhabitables; les bâtiments d'exploitation tombaient en ruines. Schreiber sut tout d'abord réunir le personnel nécessaire et le forma lui-même en partie grâce à sa grande pratique du métier. La maison de direction fut remise en état. On construisit à l'entrée de la galerie d'écoulement, devenue galerie de sortage, une laverie, puis, plus tard, dans le puits principal à une centaine de mètres au-dessous de son orifice.

(*) Schreiber était resté directeur des mines d'Allemont pour le compte du Domaine jusqu'en 1802; il passa de là directement Pesey.