Annales des Mines (1889, série 8, volume 15) [Image 223]

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V.

404 NOTE SUR LA PRÉPARATION ET LE

DES TUBES A FUMÉE DE LOCOMOTIVES.

MONTAGE

res. On peut se rendre compte, a priori, que du côté de la boîte à fumée, les déformations doivent être très peu sensibles. La plaque est en tôle de fer ou d'acier beaucoup plus dure que le laiton avec lequel est en général formé le tube ;. de sorte que c'est le laiton qui doit le plus céder. De plus, cette plaque tubulaire est rivée sur tout son pourtour par une forte cornière à la chaudière, elle-même, formée de plaques de tôle dont l'épaisseur atteint 12 à 15 millimètres. Pour arriver à déformer la plaque tubulaire, il faudrait déformer toute cette armature.

Du côté de la boîte à feu, au contraire, c'est avec le même métal que sont faits les tubes et la plaque tubulaire. De plus, cette plaque n'est reliée aux tôles de la

chaudière que par une série d'entretoises en cuivre rouge et il n'y a jamais d'entretoises dans le plan même de cette plaque. Aussi, si le dudgeon donne des déformations permanentes, est-ce de ce côté qu'on peut s'en apercevoir.

J'ai pu faire quelques mesures sur les deux plaques

tubulaires de la locomotive 2870. La plaque d'avant était

vieille, celle d'arrière était neuve et il manquait encore le premier rang d'entretoises du côté de cette plaque tubulaire, ce qui devait encore en faciliter les déformations. Les mesures ont été faites au moyen de jauges en fer. On a tracé sur deux diamètres perpendiculaires (fig. 16) des deux plaques deux coups de pointeau, et de ce point comme centre avec la jauge pour rayon, on a tracé un

arc de cercle. Il était plus facile d'observer de

cette

façon les dilatations que de chercher à mesurer avant et après le mandrinage la distance de deux coups de pointeau. Sur la plaque de boîte à fumée il n'y a eu aucune déformation appréciable ; les deux pointes de la jauge sont retombées exactement dans leurs logements primitifs. An

contraire, du côté de la boite à feu on a constaté une

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dilatation notable. Suivant le sens horizontal on a constaté un allongement de 2 millimètres 3/4 pour une longueur de jauge de 970 millimètres, et suivant le sens vertical, une dilatation de 3/4 millimètre pour une jauge de 700 millimètres. Le croquis ci-joint indique la position des coups de pointeau sur cette plaque. Sans être très considérables, ces déformations sont donc parfaitement appréciables. Pour le dudgeonnage des tubes, deux ouvriers travaillent de chaque côté de la machine. On commence toujours par la rangée verticale du milieu, et l'on va progressivement par rangée verticale jusqu'aux deux extrémités. De cette façon, les déformations se répartissent très ré-

gulièrement. Un bon ouvrier fait environ un tube par minute.

Il ne reste plus qu'à river le tube, c'est-à-dire à rabattre le bord du tube qui dépasse de 4 à 5 millimètres la plaque tubulaire contre celle-ci. Cette opération est très importante pour bien assurer la liaison exacte entre le tube et les plaques tubulaires. Le travail se fait d'une façon un peu différente, suivant que l'on a à faire à un tube en fer ou en laiton ou cuivre. Dans ce dernier cas on commence par évaser fortement l'extrémité du tube au moyen de l'appareil (1) (fig. 17), sur la tête duquel on frappe à grands coups de marteau. On termine la rivure avec un matoir présentant en plan et en coupe la forme indiquée (2) qui donne à la collerette de laiton ou de cuivre la forme exacte qu'elle doit avoir. Il n'est pas possible d'opérer de cette façon avec les tubes en fer ; quel que soit le soin avec lequel on les recuise, on produirait tou-

jours des criques et on n'arriverait jamais à avoir une surface lisse et unie comme celle qui caractérise une bonne rivure pour les tubes en cuivre ou en laiton. La rivure se fait alors par refoulement (fig . 18). On introduit dans l'intérieur du tube un mandrin conique en acier, puis Torne XV, 1889.