Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 218]

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ÉTUDE SUR LES APPAREILS PICCARD

mauvais conducteurs de la chaleur, de sciure de bois exemple.

POUR L'EXTRACTION DU SEL. par

Malgré ces précautions , si l'on ne voulait parer à toutes les pertes qu'avec du travail mécanique, on serait amené, dans la plupart des cas, à le développer outre mesure. Il est alors nécessaire de combler le déficit en amenant dans l'espace intertubulaire, ou condenseur, une certaine quantité de vapeur étrangère. Quoi qu'il en soit, l'efficacité de l'appareil, au point de vue de la vitesse de vaporisation, dépend de plusieurs facteurs. Toutes choses égales, elle est à peu près proportionnelle : 1° à la surface des parois du condenseur, ou surface de chauffe; 20 à la différence des températures de la vapeur saturée dans le condenseur et de la liqueur dans la chaudière. Pour une production donnée, c'est donc la surface de chauffe qui règle le travail mécanique dépensé. Celui-ci sera d'autant plus grand que la surface de chauffe sera plus petite, et réciproquement. En augmentant indéfiniment la surface de chauffe, s'il n'y avait aucune perte par rayonnement ou autre, on pourrait réduire le travail mécanique nécessaire, non pas à zéro, mais à un certain minimum; ce minimum est le travail qu'il faut dépenser pour comprimer la vapeur de la pression p dans la chaudière à la pression de vapeur saturée P correspondante à la température de la liqueur qui s'évapore. Ainsi, la vapeur d'eau émise par la liqueur

citée plus haut, qui bout à 108 degrés sous la pression atmosphérique possède cette température il est vrai, mais elle est surchauffée. Pour qu'a 108 degrés elle puisse se condenser, il faut qu'on la comprime à 1'i,34 au moins. Tel est le minimum de la compression dans ce ,

cas.

Ce système de vaporisation, par le travail mécanique ne doit pas être confondu avec les différents moyens proposés pour tranformer la force motrice en

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chaleur. Il y a bien un peu de cette transformation, puis-

travail mécanique donne un appoint de chaleur, niais ce phénomène est tout à fait accessoire, et il aurait lieu en sens inverse , c'est-à-dire le travail mécanique que le

absorberait de la chaleur, que le procédé de vaporisation économique par compression de la vapeur n'en existerait pas moins. Ce procédé consiste, en effet, à rendre utile de la chaleur déjà existante en la portant au moyen de la force motrice à une température suffisamment élevée. La force motrice est l'instrument et non pas la chose elle-même sous une autre forme. Avec un travail minime on peut rendre utile beaucoup de chaleur. En compri-

mant, par exemple, de la vapeur d'eau de 1 à 2 atmosphères, on dépense un travail moteur équivalent à 26 calories, et on en rend disponibles 542. « La transformation du travail en chaleur, bien loin d'intervenir ici pour fournir, comme dans l'appareil Beaumont et Mayer, 637 calories par litre d'eau, n'en produit, au contraire, que 26 , lesquelles dispa,raitront dans les effets accessoires, mais auront eu pour rôle essentiel de provoquer la régénération, la revivification du stock de 337 calories qui a été fourni une fois pour toutes et reste ensuite perpétuellement en roulement.

« Le rapport de 26 à 637 étant égal à 4 p. 100, on

s'explique bien facilement que si le premier système était condamné à l'impuissance, le second, auquel on ne de-

mande plus qu'un résultat d'une importance vingtcinq fois moindre, ait pu, au contraire, obtenir un succès aussi complet.

« Mais, dès lors, on peut faire encore un pas de plus. Il est bien clair, en effet que le thermogène de Beaumont et Mayer ne pouvait prétendre qu'a l'utilisation de forces purement gratuites comme les chutes hydrauliques, sans emploi, sous peine de constituer un cercle vicieux évidemment absurde, si cette puissance eut dû être

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