Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 146]

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COMMISSION DES SUBSTANCES EXPLOSIVES.

Cela permet de comprendre la possibilité de ce fait, en apparence paradoxal, qu'au milieu d'un mélange gazeux inflammable à 6500, il peut se produire, sans que l'inflammation du mélange en résulte, des gaz dont la température est, comme nous allons le voir, supérieure à 20000. Mais ces gaz ont été formés par la détonation d'un explosif, ils se produisent subitement et sous une pression très élevée ; ils se détendent et se refroidissent avec une

extrême rapidité (quelques millièmes de seconde), avant

d'avoir eu le temps d'allumer le mélange de grisou et d'air avec lequel ils viennent en contact. Aussi les expériences précédentes donneraient-elles un résultat tout différent si elles étaient faites au milieu d'un gaz autre que le grisou. C'est ainsi qu'une cartouche

d'un mélange à parties égales de dynamite et de poussière de houille de Blanzy, qui n'allume pas les mélanges grisouteux, allume les mélanges d'air et de gaz d'éclairage (*).

Ces derniers mélanges montrent cependant encore un certain retard à l'inflammation ; pour les mélanges d'air et d'hydrogène, le phénomène est bien peu marqué, s'il existe, et nous avons constaté qu'une amorce renforcée à I5r,5 de fulminate qui n'allume ni le grisou, ni le gaz d'éclairage, allume l'hydrogène. Température de détonation des explosifs. Formules qui On est habitué à ne consi. dérer les explosifs qu'au point de vue de ce qu'on appelle

permettent de la calculer.

leur force, c'est-à-dire de l'intensité des effets mécaniques qu'ils peuvent produire. Nous avons ici à les considérer à un point de vue différent. L'élément capital,

(*) Les expériences avec le gaz d'éclairage sont commencées; elles ne sont pas encore achevées.

EMPLOI DES EXPLOSIFS EN PRÉSENCE DU GRISOU. 241

pour nous, ce n'est pas la force développée, mais la température produite. Nous sommes ainsi amenés à chercher

à. calculer la température de détonation d'un mélange dont on donne la composition, la loi de sa décomposition et les données thermochimiques qui la caractérisent.

La marche de ces calculs est bien connue. Comme il nous importait d'obtenir des chiffres

aussi voisins

que possible des températures réelles de détonation, nous avons tenu compte de l'acCroissement des chaleurs spécifiques des gaz, qui a été établi par les expériences de MM. Berthelot et Vieille et par celles de MM. Mallard et Le Chatelier. Nous nous sommes servis

des formules linéaires données par ces derniers, pour l'acide carbonique, la vapeur d'eau et les gaz dits parfaits (gaz simples, oxyde de carbone, acide chlorhydrique, etc.) (*).

Nous avons appliqué ces calculs à de nombreuses sub-

stances explosives, et particulièrement aux mélanges de dynamite et d'azotate d'ammoniaque, de cellulose endécanitrique avec l'azotate d'ammoniaque, enfin de cellulose octonitrique avec l'azotate d'ammoniaque. Les résultats sont représentés graphiquement par les courbes

5, 6 et 7). Pour chacun des trois mélanges ci-dessus, nous donnons deux courbes, ayant toutes les deux pour abscisses les poids d'azotate qui existent dans dix parties en poids du mélange. L'une des courbes a pour ordonnées les températures de détonation t, l'autre la quantité f, qui définit en quelque sorte la puissance de l'explosif et qui est représentée par l'expression (fig.

f

1,033 273

(*) Voir, à la suite du rapport, la note théorique rédigée par MM. Mallard et Le Chatelier (Note A).