Annales des Mines (1888, série 8, volume 14) [Image 55]

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lie et plane des rondelles en surface rugueuse nous donnerait des indications sur le point b de chaque échantillon.

En réalité, le phénomène attendu ne se produisit en aucune façon ; toutes les surfaces primitivement planes restèrent planes après chauffage : d'où l'on peut conclure que, dans l'ancienne expérience citée, nous avions transformé, non pas un acier à grain fin en acier brûlé, mais, au contraire, un acier quelque peu brûlé en acier à grain

fin; la rugosité de la peau était due au rapprochement des grains primitivement déchaussés et au retour d'un métal peu homogène vers une homogénéité relative. Une autre conséquence, plus générale et plus impor,tante, résulte de la persistance après chauffage d'une section plane initiale : c'est que la transformation du grain ne met en jeu, du moins pour les molécules de fer, que des phénomènes d'orientation, sans translation à de notables distances dans l'intérieur de la masse. Cependant, la transformation du grain s'accuse sur les faces polies par l'apparition de figures planes caractéristiques, à partir d'une certaine température qui a été à peu près la même pour les trois aciers considérés. Les rondelles chauffées à 1.115 degrés montrent au microscope, sur la face polie non attaquée, un réseau vaguement polygonal formé de points brillants grossière-

ment alignés sur une petite longueur et de tronçons interrompus de lignes brillantes. Le réseau prend une grande netteté sur les rondelles chauffées à 1.225 degrés et au-dessus ; les côtés des polygones deviennent franchement continus et sensiblement rectilignes. En même temps que le réseau polygonal se forme, on voit les surfaces polies acquérir un aspect moiré, déjà,

très sensible, pour les aciers dur et mi-dur, sur les rondelles chauffées à 1.115 degrés. Si l'on passe aux rondelles chauffées à 1.225 degrés, le moiré apparaît

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sur l'acier extra-doux, se développe sur l'acier mi-dur et acquiert, sur l'acier dur, un complet et très beau développement; chaque polygone est alors caractérisé par l'orientation de ses molécules et prend un éclat différent suivant l'incidence de la lumière par rapport à cette orientation. Enfin, les rondelles chauffées à 1.330 degrés ne diffèrent pas notablement des précédentes, sauf pour l'acier dur : ce dernier métal s'est approché de sa température de fusion ; les polygones, toujours aussi nettement délimités, ont perdu leur aspect moiré pour prendre un beau poli uniforme ; on dirait une mosaïque de miroirs.

Il ne faut pas oublier que le chauffage dans l'hydrogène peut modifier superficiellement la composition chimique du métal. Si, au lieu d'examiner une face primi-

tive, on attaque par l'acide azotique une section polie plus profonde, l'action de l'hydrogène s'accuse à la périphérie par un liseré clair et brillant, comme si la surface du métal avait été décarburée ; ce liseré est très étroit sur les rondelles qui n'ont pas été maintenues pendant long-

temps aux températures élevées ; mais il atteint 1 à 2 millimètres au bout d'une heure de chauffage entre

1.130 et 1.060 degrés et pénètre jusqu'au coeur des rondelles après deux heures de chauffage entre 1.105 et 1.125 degrés. Cette action de l'hydrogène n'est pas un fait nouveau : on connaît les expériences de M. Forquignon et les essais d'application industrielle qui en ont été la suite ; nous avons constaté nous-même que la dé-

carburation par l'hydrogène était d'autant plus rapide que la température était plus élevée. Mais le phénomène est vraisemblablement complexe ; on sait que la teneur

en carbone, indiquée par la méthode colorimétrique d'Eggertz, diminue, après chauffage dans l'hydrogène, beaucoup plus vite que la teneur réelle (*). Le départ du (*) Théorie cellulaire, p. 21 à 26. Torne XIV, 1888.

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