Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 303]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

564

BULLETIN.

turquoises, les revenus que l'État en tire. Nous nous proposons de donner ici quelques extraits de ce travail, en les complétant, surtout au point de vue géologique, par des emprunts faits à diverses publications autrichiennes de M. le docteur Tietze, dans le Jahrbuch ou dans les Verhandlungen der K. K. geologischen Reichsanstalt.

Géographie.

Les mines de turquoises de Nichapour

sont situées dans le district de Bar-i-Maden, province de Nichapour, à 51 kilomètres au nord-ouest de la ville de ce nom, et à 64 kilomètres nord-est de Sabzévar. Le point le plus important de ce district est le village de Maclen, situé à 5.100 pieds au-dessus du niveau de la mer. Maclen et son territoire sont dans une large vallée ouverte, celle du Kal-i-Mansourah (*), qui court clans la direction est-ouest et descend en pente douce vers les plaines de Jowein. A l'est, quelques petites collines séparent cette vallée de la plaine de Nichapour; au nord, elle est bordée par les montagnes où se rencontrent les turquoises ; au sud , par les monts Batau. Le Kal-i-Mansourah arrive dans laplaine de Jowein, après avoir reçu divers affluents descendant du nord ; il la traverse, puis s'infléchit vers le sud et coupe la route entre Chah-Roud et Mes-

ched, un peu à l'est de Abbas-Abad. Là se trouve le Poul-iAbrichouln (Pont de soie), fameux, il y a quelques années, par les Turkomans qui, sur ce pont mème ou dans son voisinage immédiat, attaquaient les caravanes. Le climat est très salubre : la plus grande chaleur n'excède pas 28 à 29 degrés centigrades, et le thermomètre desc-end très' rarement à 4 degrés au-dessus de zéro. Le blé, l'orge, le mûrier poussent à 5.000 ou 5.300 pieds. L'assa-fceticla et les figuiers, ces derniers ne donnant pas de fruits, croissent sur les flancs de la. montagne 'à une hauteur de 6.000 pieds. Les pluies y sont plus fréquentes que dans tout le reste du Khoraçan. Un fort vent du nord souffle presque continuellement et purifie l'air; il y a quelques années, lorsque la peste ravagea le district, et il y a sept ans, lorsqu'il y eut une épidémie de diphthérie, le village de

Màden resta indemne. Les habitants sont exclusivement occupés à l'exploitation des turquoises, et l'agriculture est fort négligée. Quelques familles s'occupent de la culture des vers à soie, et produisent environ 120 livres de soie par an. En 1881, on a semé des pavots dans

BULLETIN.

Nous allons, pour cette partie de notre sujet, avoir recours aux publications du Dr. E. Tietze. Jusqu'à présent, on avait donné des renseignements contradictoires au sujet de la gangue de la turquoise, de sorte qu'aucun d'eux ne pouvait mériter pleine confiance. Ainsi, dans les traités de minéralogie de Quenstedt (*) et de Naumann (**) se trouve émise l'opinion que la turquoise de Mesched (Nichapour) est dans des schistes siliceux, c'est-à-dire dans un gisement analogue à celui de Silésie (Jordansmtihle). Khanikoff (***) pense que le minéral en question est dans un calcaire ferrifère; Schindler (****) dit que la

gangue de la turquoise est un silicate argileux et ferrifère. Rappelons enfin que Fraser (*****), il y a déjà longtemps, avait écrit que c'était une masse de porphyre, traversant des argiles et des conglomérats, et accompagnée d'une grande quantité d'oxyde de fer, avec du mica en maints endroits. Toutes ces données pouvaient difficilement s'accorder ensemble. M. le Dr. Tietze, d'après les détails que lui a communiqués M. Schindler, et d'après des études diverses faites sur des échantillons envoyés par celui-ci, est d'avis que c'est un trachyle porphyrique qui est la roche-mère de la turquoise. Si telle-est la vérité, on voit que c'est la version de Fraser qui s'en est approchée le plus. La turquoise, expose le Dr. Tietze, se présente sous forme de filons nombreux et minces, d'une puissance de 2 à 4 millimè-

tres, ou tout au plus 6 millimètres, dans une brèche formée

de fragments anguleux de ce trachyte. Parfois la brèche a un aspect très fragmenté, et la turquoise s'y trouve elle-même, non (*) Tübingen, 1863, p. 473. (**) Leipzig, 10° édit., 1877, p. 472. (***) Ménzoire sur la partie méridionale de l'Asie centrale, Paris, 1862,

p. 91.

(*)

dans le Khoraçan signifie rivière, ou plutôt lit d'une rivière.

565

un jardin, mais les habitants, trouvant qu'ils ne contenaient pas assez d'opium, se sont abstenus d'autres tentatives de ce genre. Ce sont, d'ailleurs, presque tous d'invétérés fumeurs d'opium, et les femmes partagent ce vice. Les gains qu'ils retirent des turquoises les ont rendus sans soucis, et fort peu d'entre eux possèdent quelque. chose qui vaille la peine d'en parler. Sitôt qu'on trouve une bonne turquoise, on la vend, et l'argent obtenu est immédiatement gaspillé.

(****) Jahrbuch der k. k. geolog. Reichsanstalt, 1881, p. 177. (*****) Journal into Khorassan. Londres, 18'25. Tome XIII, 1888. 37