Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 267]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR L. E. GRUNER.

Entré au collège Bourbon, Gruner y obtint, au mois d'août 1828, le premier prix de mathématiques et fut reçu la même année le troisième à l'École polytechnique.

Il en sortit le neuvième et put, après avoir obtenu la petite naturalisation en France, entrer à l'École des mines. Les examens qu'il y subit à la fin de la deuxième année

d'études furent assez brillants pour qu'il fût dispensé de suivre les cours pendant une troisième année. Il sortit donc de l'École au mois de juin 1831, et partit pour un long voyage d'instruction pendant lequel il visita l'Allemagne, le Tyrol, la Styrie et la Carinthie. Au retour de ce voyage, il séjourna longtemps au Harz et à Freiberg

pour se rendre bien compte de la pratique de l'art des mines. C'est cette préoccupation d'approfondir le plus possible la pratique industrielle qui l'empêcha de rester au labora-

toire de l'École des mines, où Berthier voulait le retenir,

et le décida à demander un poste à Saint-Étienne; il y fut nommé en 1834. Le bassin de la Loire était à cette époque le centre le plus actif de l'industrie houillère en France ; il offrait à l'ingénieur les plus intéressants sujets

d'étude à tous les points de vue, et son exploration géologique devait donner à Gruner l'occasion d'entreprendre le plus important peut-être des travaux qui ont signalé sa carrière.

Après être resté attaché pendant un an au service ordinaire à Saint-Étienne, Gruner fut nommé, en 1835,

professeur de chimie et de métallurgie à l'École des mineurs ; il se trouvait ainsi engagé dans une voie où il

devait trouver l'occasion de s'illustrer tout spécialement et d'acquérir une célébrité réellement universelle. Il conserva son cours jusqu'en 1847, époque à laquelle il fut nommé ingénieur en chef à Poitiers ; dans cette nouvelle résidence, il fut amené à entreprendre sur les

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bassins houillers de la Creuse un travail analogue à celui qu'il avait fait sur le bassin de Saint-Étienne.

Après un court séjour dans la résidence de Poitiers, Grimer fut nommé, en 1852, à la direction de l'École des mineurs à Saint-Étienne; il occupa ce poste jusqu'en 1858. cette époque, il fut appelé à occuper la chaire de métallurgie à l'École des mines de Paris, qu'il quitta seulement en 1872, après avoir rempli les fonctions d'inspecteur de l'École de 1862 à 1870.

Il avait été nommé inspecteur général de deuxième classe en 1866, de première classe en i870; il fut nommé, en 1873, à la vice-présidence du Conseil général des mines et à la présidence de la Commission centrale des appareils à vapeur. Il conserva cette double situation jusqu'en 1879, époque où les règles administratives imposèrent sa mise à la retraite.

La santé de Gruner, assez mauvaise depuis quelques années, semblait s'être raffermie précisément au moment

où la cessation de ses fonctions officielles enlevait un élément à son activité. C'est à cette époque, de 1879 à 1882, qu'il put enfin s'occuper de la publication de cette grande description du bassin houiller de la Loire, commencée dès le début de sa carrière et livrée au public un an seulement avant sa mort. S'il lui fut permis de donner

la dernière main à cet important travail, il devait être moins heureux en ce qui concernait son traité de métallurgie, dont les deux premiers volumes avaient paru en 1875 et 1878. Déjà une pleuro-pneumonie avait failli l'emPorter en 1877; il fut atteint de la même maladie en 1882

et enfin en 1883. Cette fois, sa santé ébranlée n'était plus en état de résister ; il fut enlevé au bout de quelques jours, le 26 mars 1883, dans sa soixante-quatorzième année, emportant avec lui les regrets, non seulement de

ses parents et de ses amis, mais aussi de ses anciens élèves et de tous ceux, en si grand nombre, auquel il