Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 213]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE M. DU SOUICH.

serva jusqu'à sa promotion au grade d'ingénieur en chef, en 1852. Durant ces dix-sept années, il prit une part con-

Dans la Loire, M. du Souich conquit rapidement une influence égale à celle dont il avait joui dans le Nord. Il apporta dans son nouveau service le même dévouement absolu au devoir, le même désintéressement dans ses conseils, et plus d'une fois des Compagnies rivales durent à son sage esprit de conciliation la fin de difficultés, dont elles avaient gravement à souffrir. Il quitta Saint-Étienne, en 1861, après avoir, pendant deux années, dirigé l'École des mineurs conjointement avec le service ordinaire ; l'administration venait de l'appeler à Paris, pour y prendre le service des appareils à vapeur de la Seine et, plus tard, celui des carrières. Dès cette époque, sa connaissance approfondie de l'art

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sidérable aux travaux qui ont amené la découverte du prolongement du bassin houiller de la Belgique et du Nord

dans le département du Pas-de-Calais et doté la France d'une source féconde de richesse et de travail. Par sa science géologique et ses conseils judicieux, il

éclaira les explorateurs sur les résultats à attendre de leurs sondages, régularisa leurs recherches et, pendant plusieurs années, fit succéder un calme prudent à la fièvre d'exploration qui agitait le pays. Puis continuant son oeuvre, il poursuivit avec une persévérante énergie l'étude de la constitution du sol du Pas-de-Calais et en con-

signa les résultats sur une carte, dont les indications permirent d'imprimer aux recherches la méthode et la sûreté qui leur avaient fait défaut jusqu'alors. Sous son impulsion désintéressée et dévouée, plusieurs Compagnies se réorganisèrent, reprirent leurs explora-

tions et parvinrent, en peu d'années, de 1847 à 1852, 'à conquérir un bassin houiller de 40 kilomètres de longueur, comprenant des concessions qui comptent aujourd'hui parmi les plus importantes de la France. La croix de la Légion d'honneur, en 1850, une médaille d'honneur à l'Exposition universelle de 1855 furent la récompense bien méritée des services exceptionnels rendus par M. du Souich à l'occasion de cette brillante découverte. Appelé, en 1852, comme ingénieur en chef, à la direction de l'arrondissement minéralogique de Saint-Étienne, M. du Souich dut quitter Arras et s'éloigner d'une contrée, à laquelle le rattachaient ses plus chers travaux et où son caractère et son mérite étaient tellement appréciés, que le Conseil général du Pas-de-Calais crut devoir, par un vote unanime et spontané, réclamer son aniatio dans le département. -

et de la législation des mines, sa valeur incontestée comme ingénieur, son jugement droit et sa grande honorabilité désignaient M. du Souich pour les fonctions les plus élevées du Corps des mines. Il fut promu au grade

d'inspecteur général de 2e classe en 1866, élevé à la Ire classe en 1872, appelé, en 1879, à la vice-présidence

du Conseil général des mines. Il présidait en outre la Commission spéciale de la carte géologique détaillée de la France, la Commission centrale des machines à vapeur, la Commission consultative du matériel fixe des

chemins de fer construits par l'État; il siégeait dans d'autres assemblées importantes et au Conseil d'hygiène

publique et de salubrité de la Seine, dont il est resté membre jusqu'à sa mort.

Il avait été promu au grade d'officier de la Légion d'honneur, par décret du 13 juillet 1862, et à celui de commandeur, le 19 juillet 1880.

La retraite a enlevé M. du Souich à la carrière active en avril 1882. Les regrets unanimes du Corps des mines l'y ont suivi, particulièrement ceux du Conseil général qu'il avait présidé et qui perdait en lui un guide aussi sûr et éclairé que bienveillant et sympathique.