Annales des Mines (1888, série 8, volume 13) [Image 100]

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SUR LES ÉQUILIBRES CHIMIQUES.

RECHERCHES EXPÉRIMENTALES ET THÉORIQUES

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donner de l'alcool et de l'acide. Les deux réactions opposées se limitent mutuellement.

nombre de sels oxygénés dans .l'alcool pour les séparer de leur dissolution. Il admit que pendant la précipitation

Historique. .7-- Ces réactions incomplètes ont depuis longtemps attiré l'attention des chimistes ; Berthollet (*), dès le commencement de ce siècle, avait observé des faits semblables avec les sels basiques de mercure, l'oxYchloÉlire de calcium, le bisulfate de potasse, mais il n'avait pas reconnu la véritable nature de ces' phénomènes, il avait conclu à l'existence de combinaisons en proportion

thèse gratuite qui ne saurait être démontrée directement et semble, a priori, peu vraisemblable. Les conclusions de Malaguti n'ont pas l'importance qu'on leur prête souvent; en tous cas, les valeurs numériques de ses coefficients de partage ne méritent aucune confiance. Ce sont MM. Berthelot (A) et Péan de Saint-Gilles qui établirent les premiers, par des expériences précises, l'existence certaine des phénomènes d'équilibres chimi-

variable, là où il n'y avait que des mélanges de coinItbinaisons définies. L'exactitude de la loi des proportions

',...;Élistelfinies appuyée sur des observations tous les jours plus nombreuses et plus précises fit bientôt tomber dans

l'oubli la théorie inexacte de Berthollet, et en même temps les faits parfaitement exacts qu'il avait signalés. L'existence de réactions limitées, de réactions opposées

se faisant mutuellement équilibre fut énoncée pour la première fois d'une façon précise par Dumas (**) dans ses leçons de philosophie chimique à l'occasion de la théorie qu'il donna des lois de Berthollet. Il admit que deux sels

solubles mis en présence donnaient lieu à un échange partiel des acides et des bases, que la double décomposi-

tion s'arrêtait à un certain état d'équilibre indépendant de l'état initial de combinaison des acides et des bases, et ne dépendant que de leurs proportions relatives dans la liqueur. Mais il n'apporta aucun fait précis à l'appui de cette manière d'envisager les doubles décompositions salines. Malaguti ("*) chercha à vérifier expérimentalement les

idéeS de Dumas en utilisant l'insolubilité d'un certain (*) Berthollet, Statique chimique, t. I, p. 350 et 353. ) Dumas, Leçons de philosophie chimique, p. 380. ('") Màfliguti, Ann. de phys, et de chimie, 1853, f. XXXVII.

les proportions relatives des sels existant à l'état de dissolution n'étaient pas modifiées. C'est là une hypo,

ques. Dans un travail capital sur l'éthérification, ils montrèrent que l'action des alcools sur les acides, et la réaction inverse de l'eau sur les éthers sont toujours limitées ; que les proportions relatives de ces divers composés sont les mêmes une fois l'état d'équilibre atteint, que l'on parte de l'un ou l'autre des deux systèmes opposés, c'est-à-dire que la limite commune des deux réactions contraires est la même. Ils montrèrent de plus que si, des deux corps mis en présence, on laisse

la quantité de l'un constante et l'on fait croître l'autre indéfiniment, la proportion du premier corps qui reste inaltéré tend vers zéro, c'est-à-dire que la réaction devient de plus en plus complète. Mais les réactions limitées connues restaient encore en nombre très restreint ; elles semblaient constituer une; classe de phénomènes exceptionnels ne se présentant que dans des cas tout spéciaux : doubles décompositions des sels, éthérification, toutes réactions ayant ce caractère commun de ne mettre en jeu que des quantités d'énergie très faibles, sinon nulles, et de n'amener aucune alté(1 Berthelot, Ana. de phys. et de chimie, 1862, t. LXV et LXVI;

1863, t. LXVIII.