Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 266]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

.530

531

NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. DE CHANCOURTOIS.

mise à la retraite administrative d'Élie de Beaumont. survenue presque au moment de la constitution du service de la carte, une succession qui lui fut même un instant offerte et que nul, à ce moment, n'aurait pu lui disputer. Il préféra user de toute son influence pour faire conserver à son maître l'intégrité de sa situation scientifique et rester modestement au second rang.

d'Inspecteur général de ire classe, Président de la Commission de la Carte géologique, et il rêvait de concilier les idées qui lui étaient chères avec les faits acquis dans ce service à la création duquel il avait tant contribué. La mort est venue le surprendre avant même qu'il ait pu essayer de réaliser son rêve. Il mourut à son poste, laissant à ses disciples et à ses amis l'enseignement d'un grand exemple et le modèle d'une vie noblement consacrée à la poursuite du vrai et du bien.

Et lorsque plus tard, ce désintéressement tourna contre lui-même, lorsque sa fidélité à toutes les affections

scientifiques et politiques de sa jeunesse et de son âge mûr devint un obstacle à la réalisation de ses aspirations en apparence les plus légitimes, il sut, avec une dignité suprême, reprendre un rang plus modeste et se

remettre avec une intensité nouvelle à ses travaux scientifiques. C'est qu'il avait non seulement une grande intelligence, mais encore une âme haute et noble que les déceptions de la vie pouvaient frapper douloureusement, mais dont elles étaient impuissantes à ébranler l'indomptable énergie. Il resta jusqu'au bout le travailleur infatigable, l'homme de devoir et de dévouement, aimant ses élèves, et donnant

sans réserve son temps et ses forces à ceux qui, de près

ou de loin, étaient placés sous ses ordres ou sous sa juridiction. Il était guidé et soutenu dans cette voie par un sentiment religieux très élevé et il aimait à répéter avec M. Le Play : « Tous les efforts de l'homme vers un équilibre social stable sont contenus dans le Décalogue »,

paroles auxquelles il ajoutait cette pensée plus personnelle : « Toutes les aspirations de l'homme vers le bonheur

et l'éternelle vérité sont renfermées dans le Pater et dans le Credo. » Aussi, quand la maladie vint le frapper et lui donner

un redoutable avertissement, ne put-elle altérer ni son courage ni sa sérénité. Il eut, d'ailleurs, la joie suprême d'être nommé, en 1885, peu après sa promotion au grade

Qu'il nous soit permis de citer en terminant, une profession de foi qui a "servi d'introduction dédicatoire au premier exemplaire de la Vis tellurique, offert au prince Napoléon, et qui, demeurée inédite, nous a paru mériter d'être connue et publiée comme un résumé fidèle de ses aspirations et de ses espérances « Si l'idée de l'absolu procède de notre force, toute prétention à le posséder est un signe éclatant de notre faiblesse.

« L'absolu, dans le repos, c'est le néant, dans le mouvement c'est l'être, deux mots qui commandent l'adoration du Créateur, unique Maître de la Vérité. Entre ces deux termes, également insaisissables, de notre vie, il nous

est donné de façonner des simulacres de la Nature,

profitables ou concrets, abstraits ou amusants ; mais de l'imitation matérielle jusqu'à la formule mathématique, tout n'est qu'approximation, approximation grossière dans ses plus-exquises finesses, mesquine dans ses plus vastes Portées.

« Ingénions - nous bien à construire , à étager ces petites cases où nous voudrions distribuer , enfermer toutes les choses de notre monde, dans le but disonsde les utiliser ensuite pour le bien public, d'après nous nos lois, nos règles les plus savamment élucubrées, mais