Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 260]

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SUR M. DE CHANCOURTOIS.

NOTICE NÉCROLOGIQUE

10 Rechercher et établir le meilleur mode de representation graphique de la surface terrestre ° Fixer un système rationnel, uniforme et international de graduation pour l'espace comme pour le temps. Les modes de représentation de la surface terrestre

sont très nombreux. Comme il est impossible de reporter les figures de la sphère sur un plan sans les déformer, on essaie de conserver, dans les transformations qu'on est obligé de leur faire subir, au moins une des propriétés géométriques de ces figures, en sacrifiant plus ou moins complètement les autres.

En général, on cherche à sauvegarder la proportionnalité des surfaces, ce qui permet grosso modo l'application d'une même échelle linéaire pour les cartes de faible étendue. Mais pour les grands pays, quel que soit le mode de compensation adopté, les déformations deviennent telles que les lignes acquièrent des sinuosités rendant impossible toute étude d'alignement un peu précise. M. de Chancourtois estime préférable d'écarter toutes ces méthodes de compensation approchée et de revenir aux seules méthodes sincères de projection, la projection

stéréographique et surtout la projection gnomonique. Cette dernière, déjà employée par Thalès, le père de la Géographie, jouit, en effet, d'une propriété capitale. Tout grand cercle de la sphère, qui est en même temps

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l'itinéraire ,du plus court chemin, tout en conservant sur la carte la simplicité du tracé rectiligne de la route. Enfin, en Météorologie, on peut distinguer à première vue, sur une telle carte, un mouvement giratoire d'un mouvement de translation. Mais les cartes gnomoniques ont une portée limitée

puisque, pour représenter gnomoniquement un hémisphère complet, il faudrait la surface indéfinie dans tous

les sens, du plan tangent sur lequel la projection est faite. Aussi, M. dé Chancourtois a-t-il été conduit à se servir de Polyèdres circonscrits au Globe, sur chaque face

desquels on dessine la projection gnomonique correspondante. lin prenant ainsi successivement : un octaèdre régulier circonscrit, un cube et un dodécaèdre rhomboïdal, dont les faces sont choisies de telle sorte que les projections correspondantes se complètent les unes les autres (ce que l'on obtient en donnant à ces trois corps la disposition relative qu'ils présentent en cristallographie), on peut former trois séries de cartes constituant un appareil géographique aussi exact que facile à manier pour les études d'ensemble.

Pour le détail, M. de Chancourtois eut l'idée de circonscrire au globe des polyèdres à faces beaucoup plus nombreuses. Chaque face est le plan tangent à un trapèze sphérique qui est limité par deux méridiens et deux

le plus court chemin entre deux points de cette surface, y est représenté par une droite. C'est là un avantage

parallèles et sur lequel on construit la projection gnomonique de son centre. On obtient ainsi des cartes gnomoniques dont les déformations extrêmes n'atteignent

de suivre exactement, avec la seule aide d'une règle, les alignements terrestres fractures, failles, chaînés de montagnes, etc..., dont les éléments sont disposés suivant des arcs de grands cercles. Pour la Nautique, les cartes gnomoniques sont aussi préférables, puisqu'elles permettent de remplacer la loxodromie par l'arc de grand cercle, c'est-à-dire de suivre

pas celles des cartes ordinaires.

tout à fait primordial pour la Géologie, car il permet

En même temps qu'il se livrait à ses études sur la Cartographie, M, de Chancourtois poursuivait l'extension d'un système uniforme de graduation. Ce système, dont les bases ont été magistralement posées, est précisément notre système métrique décimal, appliqué dans toute sa