Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 255]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

SUR M. DE CHANCOURTOIS.

connaissances, sa puissance de travail exceptionnelle et les rares facultés de son esprit généralisateur et systématique. Le prince Napoléon, qui présidait cette première grande manifestation de notre puissance industrielle, frappé de l'ensemble des qualités déployées par le jeune Commissaire général adjoint .eut la pensée de les utiliser dans

un progrès sensible sur les cartes départementales publiées jusqu'alors, par l'introduction d'une coordination systématique des faits d'alignement accusés par les fractures du sol et des phénomènes éruptifs qui en sont la

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une sphère d'activité plus vaste encore, en nommant M. de Chancourtois au poste élevé de Secrétaire des Commandements et de Chef du Cabinet du ministère de l'Algérie et des Colonies, dont l'empereur Napoléon III venait de lui confier l'organisation et la direction. On sait combien cette création fut éphémère, malgré la pensée généreuse et féconde qui l'avait fait naître ; mais elle eut, pour M. de Chancourtois, un corollaire aussi heureux qu'imprévu : nous voulons parler de ce voyage

d'exploration de la Reine Hortense dans les régions polaires de la Norvège, de l'Islande et du Groenland, auquel il prit part comme ami du prince et comme géologue de l'expédition. De précieuses collections géologiques, conservées au musée de l'École des mines, et un remarquable travail sur la constitution du sol de l'Islande et sur les grandes

lignes de fracture qui sillonnent cette contrée si éminemment volcanique furent les résultats de cette rapide exploration (juin-octobre 1856), qui valut à M. de Chan-

courtois la promotion au grade d'officier de la Légion d'honneur. Dès son retour, il reprit. avec une nouvelle ardeur les études géologiques qu'il avait entreprises sur le sol de la France. La Carte géologique de la Haute-Marne, exécutée en commun avec Elle de Beaumont et publiée en 1860, est l'ceuvre capitale de cette première partie, si brillamment remplie, de la carrière de M. de Chancourtois. Elle marque

conséquence. Cette coordination avait pour point de départ le Réseau

pentagonal, conception aussi originale que féconde, qui est basée sur l'étude géométrique des conditions de symétrie de tout mode de division de la sphère et par laquelle Élie de Beaumont venait de systématiser les lignes caractéristiques du relief et de la géologie du globe. Cette

brillante synthèse avait, dès l'abord, séduit

l'esprit généralisateur de M. de Chancourtois, qui en est devenu le champion ardent et convaincu. C'est sa propagande persévérante et enthousiaste qui a maintenu le Réseau pentagonal dans l'arène des discussions géologiques ; ce sont les nombreuses applications qu'il en a données qui l'ont, en quelque sorte, popularisé parmi les géologues de tous les pays. M. de Chancourtois a su, en effet, dans une série de publications successives

assouplir l'adaptation du réseau aux phénomènes les plus importants de la géologie qui, à leur tour, recevaient, de cette application même, une interprétation plus large et plus rationnelle. C'est ainsi qu'il a mis en évidence la possibilité de 'grouper, dans une série restreinte d'alignements, euxmêmes rattachés au Réseau pentagonal, les fractures qui avaient donné naissance aux gîtes de fer de l'Est de la France (1863).

Peu de temps après, il montrait, de même, que les

gîtes des substances hydrocarburées, auxquels se relient plus ou moins intimement ceux de soufre et de sel, étaient, eux aussi, échelonnés sur un nombre très restreint de grands cercles. Le plus important de ces cercles forme

l'axe de la zone pétrolifère pensylvanienne , épouse la