Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 193]

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RECHERCHES EXPÉRIMENTALES

minate de chaux. Il fut ainsi amené à attribuer une influence prépondérante à l'alumine dans le durcissement des mortiers hydrauliques. Cette théorie fut contestée. très vivement ; on lui opposa ce fait que les meilleures chaux hydrauliques de France (celle du Teil, de Senonches, de Paviers) ne renferment pour ainsi dire pas d'alumine, à peine 2 p. 100. Dans un second travail sur le même sujet, M. Fremy réussit à obtenir des silicates de

chaux faisant prise, non pas au contact de l'eau, mais en présence d'un excès de chaux, c'est-à-dire se comportant comme de véritables pouzzolanes, et il en con-

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clut que la silice dans les ciments devait former de semblables silicates qui, se trouvant en présence d'un excès de chaux libre, réagissent mutuellement par voie humide. M. Fremy a donc montré que les aluminates de chaux font prise, que certains silicates de chaux jouent le rôle de pouzzolanes ; ce sont là des faits très intéressants en eux-mêmes, dont il est impossible de ne pas tenir compte dans une étude sur les produits hydrauliques et sur les-

quels j'aurai l'occasion de revenir. Mais il n'a prouvé en aucune façon par ces expériences que de semblables réactions soient les seules qui se produisent dans les ciments, ni même qu'elles s'y produisent aucunement. Enfin je rappellerai, pour mémoire, les publications récentes de M. Landrin et de M. Merceron, sur le même sujet. M. Landrin (*), dans l'espace d'une année, a proposé trois théories différentes du durcissement des mortiers. tl

L'une n'est que la reproduction de celle de Saussure : l'argile se comporterait simplement comme une pouzzolane. Dans la seconde, le durcissement est attribué à l'hydratation d'un prétendu silicate de chaux, le pouzzoPortland, 3 Si02,4Ca0. La troisième théorie, au con(*) Comptes rendus, t. XCVI, p. 156 et 1229; t. XCVM., p. 1053.

SUR LA CONSTITUTION DES MORTIERS.

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traire, invoque l'action de l'acide carbonique sur les silicates mono- et dicalciques. M. Merceron (*) a proposé une théorie toute particulière qui attribue le durcissement à la dessiccation de l'ar-

gile sous l'influence de la chaleur dégagée par l'hydratation de la chaux. Il résulte de cet historique sommaire que les seuls faits établis d'une façon certaine sont : La production, pendant la cuisson des ciments et des

chaux hydrauliques, de combinaisons de la chaux avec la

silice et probablement l'alumine qui possèdent la propriété de durcir au contact de l'eau sans que l'on sache rien de précis sur la nature de ces combinaisons, ni sur l'action de l'eau. Si j'insiste sur le ,peu de résultats obtenus par des savants éminents, c'est pour montrer la difficulté de cette étude et m'excuser de publier un travail qui ne permet pas de formuler sur ce sujet des conclusions aussi com-

plètes que je l'aurais voulu. Je n'ai pas la prétention d'avoir résolu complètement le problème que j'ai abordé.;

j'espère seulement avoir fait connaître un assez grand nombre de faits nouveaux qui pourront servir de matériaux utiles pour établir un jour la théorie complète des mortiers hydrauliques.

En commençant mes recherches sur les ciments, je me suis laissé guider par l'idée préconçue que tous les phénomènes, dont ces produits sont le siège , sont d'ordre purement chimique, c'est-à-dire résultent des réactions mutuelles de composés définis donnant naissance à d'autres composés définis. Ces composés peuvent se mêler en proportions variables et être difficiles à séparer les uns des autres, mais leur existence n'en ) Association française, Grenoble, 1885.