Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 177]

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RECHERCIIES EXPÉRIMENTALES

SUR LA CONSTITUTION DES MORTIERS.

Lavoisier, comme je l'ai dit plus haut, a fait voir que le plâtre pendant sa prise reprenait PRISE DU PLATRE.

logue, et qu'il y avait lieu de distinguer dans chaque cas

une quantité d'eau égale à celle qu'on lui avait enlevée pendant la cuisson pour reproduire du gypse cristallisé identique à celui qui constitue la pierre à plâtre. Cette analyse du phénomène de la prise est évidemment incomplète, elle ne montre ni comment l'hydrate qui se produit cristallise , ni 'comment sa cristallisation peut

Le phénomène chimique d'hydratation, Le phénomène physique de cristallisation, Le phénomène mécanique de durcissement.

Hydratation. Au point de vue de la réaction chimique, il n'y a pas grand'chose à ajouter à ce qu'en a dit

amener le durcissement de toute la masse. Dans tous lea mémoires spéciaux ou traités de chimie générale qui se sont occupés jusqu'ici du plâtre, le mécanisme de la cristallisation a généralement été passé sous silence et le durcissement est attribué sans aucune explication à l'enchevêtrement, au feutrage des cristaux formés. On ne conçoit. guère pourtant comment des cristaux rectilinéaires pourraient s'enchevêtrer à la façon des fils tordus qui constituent un feutre. La flexion de ces fils élastiques détermine une force de réaction qui les presse l'un contre l'autre et provoque au point de contact le développement d'efforts tangentiels de frottement; c'est ,là la seule cause de la résistance longitudinale de semblables systèmes. Des cristaux rigides ne sauraient'donner naissance à des phénomènes analogues. Une expérience bien simple peut montrer l'insuffisance de cette explication; en précipitant par l'alcool une dissolution de sulfate de chaux on obtient un dépôt de petits cristaux de gypse, présentant un enchevêtrement aussi complet qu'on peut le désirer, et pourtant ne possédant aucune cohé-

Lavoisier ; le gypse S03, CaO, 2110 se reforme identique

à celui qui constituait la pierre à plâtre. Seulement le plâtre renfermant déjà 0,5 équivalent d'eau , n'en fixe plus que 1,5 au contact de l'eau. S03,Ca0,0,5H0 +1,5HO

S63,Ca0,2110.-

Dans tous les exemples Cristallisation du plâtre. connus de cristallisation de sels au contact de l'eau, la formation des cristaux est précédée de la dissolution du sel qui donne aux molécules la mobilité nécessaire pour leur permettre de se déposer suivant un ordre géométrique. Il est donc bien probable à priori que la cristallisation du plâtre se produit par le même mécanisme,' ou

s'il n'en est pas ainsi, il faut de toute -nécessité qu'il existe un état intermédiaire pendant lequel les molécules

du plâtre possèdent une mobilité analogue à celle que leur communiquerait la dissolution, il n'y a pas d'exemple de corps solides prenant une forme cristalline sans changer, d'état (*).

La difficulté d'admettre que la cristallisation du plâtre

sion.

Je me crois donc autorisé à dire que cette question. du mécanisme du durcissement du plâtre était restée entière au moment où j'en ai abordé l'étude. - La solution de ce problème présentait une importance considérable , car il était bien probable à priori que la prise de tous les mortiers devait se faire d'une façon ana-

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.

(*) Les prétendues formes cristallines obtenues par M. Spring en comprimant des corps solides ne sont que des surfaces de glissement produites par le frottement du corps sur les parois du moule. Les expériences de M. Fizeau sur la compression du précipité d'iodure d'argent, bien antérieures, du reste, à celles de M. Spring, ont été complètement démonstratives à cet égard.