Annales des Mines (1887, série 8, volume 11) [Image 173]

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RECHERCHES EXPÉRIMENTALES

SUR LA CONSTITUTION DES MORTIERS.

PREMIÈRE PARTIE

PLATRE

HISTORIQUE. L'étude scientifique des phénomènes qui accompagnent la cuisson et le durcissement du plâtre est due à Lavoisier. Le détail de ses expériences est consigné dans un mémoire extrêmement remarquable pour l'époque à laquelle il a paru. La chimie n'existait pas encore ; ses lois les plus importantes, celle des proportions définies,

entre autres, n'étaient même pas soupçonnées. Mais le jeune savant, âgé alors de vingt et un ans seulement, était déjà en possession de la méthode expérimentale qu'il devait appliquer à. toutes ses recherches et à laquelle il doit, à juste titre, d'être considéré comme le fondateur de la chimie moderne. Il a résumé ses expériences dans le passage suivant d'une courte note insérée aux Comptes rendus de l'Académie des sciences (*):

« Si après avoir enlevé par le feu au gypse son eau d'hydratation on la lui rend (ce qu'on appelle communé-

ment gâcher le plâtre), il la reprend avec avidité, il se fait une cristallisation subite et irrégulière, et les petits cristaux qui se forment se confondant les uns avec les autres, il en résulte une masse très dure. » Il a reconnu, de plus, qu'une cuisson à une température trop élevée enlève au plâtre la propriété de faire prise ; il a signalé enfin une particularité importante de la cuisson du plâtre (**), qui a échappé aux auteurs qui se sont occupés, après lui, de cette question. La déshydratation du gypse (*) Comptes rendus, 17 février 1765.

Cl Lavoisier, OEuvres complètes, t. III, p. I*.

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se fait en deux temps ; les trois premiers quarts de l'eau combinée sont beaucoup plus faciles à chasser que le dernier quart. Nos connaissances actuelles sur le plâtre se bornent à bien peu de choses près, aux résultats précédents, c'est à peine s'ils ont été complétés sur quelques points secondaires.

Berthier (*) remarqua que le plâtre tel qu'on l'emploie dans l'industrie renferme de 4 à 8 p. 100 d'eau. Ce fait

a été confirmé depuis par les recherches récentes de M. Landrin

Payen (*"), vers 1830, chercha à déterminer la température exacte de la cuisson du plâtre. Il reconnut que le gypse commençait à perdre son eau vers 115 degrés et la perdait ensuite de plus en plus rapidement à mesure que la température s'élevait. Mes recherches personnelles ont porté sur la cuisson et la prise du plâtre. CUISSON.

L'expérience journalière des fabricants de

Plâtre a appris que la cuisson du plâtre se produit .à basse température, bien au-dessous du rouge. D'après les expériences de laboratoire dues à Payen, la désydratation complète se produirait entre 115 et 120 degrés. Cependant les chiffres donnés par différents auteurs sont tout à fait discordants et varient de 110 à 300 degrés. Il y avait intérêt à reprendre cette étude évidemment restée incomplète.

J'ai employé à cet effet la méthode par échauffement progressif imaginée par Regnault pour étudier les transformations allotropiques du soufre fondu. Du gypse pul(1 Berthier, Ann. des mines, 3' série, t. XIX, p. 655, 1841. (**) Landrin. Ann. de phys. et de chim., 5' série, t. III, p. 411. (***) Payen, Chimie industrielle, 1851, p. 304.