Annales des Mines (1886, série 8, volume 10) [Image 214]

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GISEMENTS DE MINERAI DE FER

particularités de ce mode de gisement restant, au contraire, inexplicables avec les hypothèses admises jusqu'à ce jour. Les gisements en filons se rencontrent principalement

dans les bassins de l'Aubois, de la Chapelle, de SaintFlorent et de Chanteloup. Ils consistent en amas sensiblement horizontaux, allongés dans une seule direction, formant des boyaux plus ou

moins sinueux et très irréguliers. Leur section transversale offre le plus souvent la forme d'un triangle droit ou renversé, ou celle d'une ogive. Les parois du filon ne sont pas régulières : elles sont,

au contraire, ondulées et bosselées, et présentent tous les caractères des parois des cavités que nous avons décrites précédemment. Ces boyaux offrent une série de renflements et de rétrécissements qui leur donnent une structure en chapelet bien caractérisée. Le toit et le mur s'élèvent et s'abaissent irrégulièrement, et présentent des pentes variables: on voit quelquefois le mur s'enfoncer de quelques mètres,

soit par une pente douce, soit brusquement, en formant un gradin très net. Il convient d'ailleurs de remarquer que généralement l'élargissement du filon a lieu à la fois en largeur et en

hauteur, de sorte qu'il consiste en une succession de chambres larges et hautes, communiquant ensemble par des couloirs longs et étroits. Nous joignons à cette description théorique les plans et coupes (Pl. VI, fig. 1,2,3, 4, 5 et 6) de deux filons relevés en

détail dans les exploitations des minières .des Bordes et de Prunet ; nous les devons à l'obligeance de M. Lecacheux, chef d'exploitation des minières de la compagnie de Fourchambault-Commentry, et de M. Jardé, directeur des usines du Tronçais. L'examen de ces figures montre bien l'allure irrégulière des filons, et met en évidence l'origine

DU CENTRE DE LA FRANCE.

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des cavités qu'ils occupent : les parois bosselées qui les limitent résultent évidemment d'une corrosion de la roche calcaire encaissante. Parfois l'on observe deux amas de minerai disposés l'un au-dessus de l'autre, et séparés par un barrage calcaire horizontal, comme l'indique une coupe observée dans les travaux du puits de la Corne. Parfois aussi on voit le minerai s'élever verticalement sur une grande hauteur, et former une véritable colonne cylindrique encaissée dans le calcaire. Enfin, il existe une particularité assez remarquable, qui n'a pas encore été signalée, mais que, sur l'indication des ouvriers, nous avons pu constater sur un grand nombre de points : le filon se prolonge, à sa partie supérieure, par une fente verticale, large de quelques décimètres seulement, remplie d'argile à minerai, et se poursuivant jusqu'à 3 et 5 mètres au-dessus du filon. C'est là un fait qu'il est facile de vérifier : ainsi, lorsque l'on parcourt les travaux, on remarque, sur la ligne de faîte du filon, une traînée de minerai qui correspond à la base de cette fente, désignée par les mineurs sous le nom de cheminée. On peut également observer cette même fente dans un grand nombre des puits percés par les mineurs pour atteindre les filons ; nous l'avons constatée sur des puits en fonçage, où la fraîcheur des parois facilitait les observations. Le filon se prolonge par une fente étroite, non seulement à sa partie supérieure, mais encore à sa partie inférieure. L'existence de ces fentes remplies de minerai a été souvent constatée sur plusieurs mètres de profondeur, au moyen de sondes à main ; d'ailleurs, il n'est pas douteux que le mur du filon ne soit profondément crevassé, comme le mur de la couche de Dun-le-Roi. On peut vérifier l'existence des fissures qui prolongent inférieurement les filons dans les anciens travaux du bois de l'Éguillé, au voisinage du passage à niveau du chemin