Annales des Mines (1886, série 8, volume 9) [Image 171]

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DES HAUTS FOURNEAUX A L'ANTHRACITE.

MISE EN FEU

de la charge, la combustion du bois pouvant être plus rapide d'un côté que d'un autre ; il peut aussi causer un accident grave, en dégageant une chaleur trop vive, et être ainsi la cause d'un accrochage avant qu'on ne donne le vent. Une fois le bois brûlé, la charge entière doit descendre de toute la hauteur qu'il occupe. Cette descente

doit se faire graduellement, et non brusquement, mais elle sera toujours plus rapide qu'en marche normale il ne faut donc pas mettre trop de bois, et il ne faut pas qu'il brûle trop vite. On met un jour et demi à entrer deux lits de bûches par l'avant-creuset, et six à douze heures à les descendre par le gueulard. Quand le bois est mis en place et tous les vides qu'il

laisse bien remplis, on ferme l'avant-creuset et l'on retire les tôles qui couvrent le gueulard ; on y installe un treuil pour descendre la charge dans une benne. On garnit les

étalages de madriers, pour protéger les briques contre l'action destructive de la charge, avant qu'elles n'aient pris un vernis convenable. Le vieux bois sans emploi ne manque généralement pas ; à défaut de vieux bois, on prendrait des madriers neufs, ou plutôt des dosses, qui suffisent parfaitement. Sur le bois, on empile 10 à 20 tonnes, quelquefois jus-

qu'à 30 tonnes d'anthracite, suivant la dimension du creuset. Il faut employer du charbon récemment extrait,

car presque tous les charbons s'altèrent à l'air ; l'oubli de cette précaution a causé des accidents sérieux. Le charbon est divisé en fragments de 15 centimètres de côté, ou charbon de bateau (voir le classement des anthracites, Annales des mines, 7e série, t. VII, p. 232)

on l'étale uniformément sur le bois, sans laisser la moindre trace de menu. Dans quelques usines , on se contente de jeter à la pelle le charbon par le gueulard. C'est un mauvais système, même pour les fourneaux de

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moins de 18 mètres : avec de très hauts fourneaux, il serait absolument-inapplicable ; la chute briserait le charbon et tasserait le menu à la base. En somme, c'est une méthode vicieuse et souvent dangereuse. Il vaut bien mieux descendre le charbon dans des bennes et l'étaler soigneusement à la main. Dans certaines usines, on emploie la benne jusqu'à mi-hauteur, et on achève le chargement à la pelle. Pour un travail d'une telle importance, l'économie de temps et de main-d'oeuvre n'est pas à considérer, car le moindre accident entraîne fatalement une forte dépense : on est bien plus sûr du succès en remplissant le fourneau entièrement à la benne. Après la mise en place de la première masse de charbon, le principe de la méthode de remplissage est partout le même, mais les détails varient un peu suivant

les usines. A Glendon, on place d'abord sur la masse (l'anthracite les 5/8 de son poids en laitier de haut fourneau cassé en morceaux de la grosseur du poing. Ces laitiers doivent être choisis avec soin ; il faut des laitiers de fourneau marchant en fonte grise et très basiques ; ce laitier doit en effet servir à scorffier les cendres du combustible, qui sont acides. Par-dessus le laitier, on dispose des charges de combustible, laitier, castine et minerai. À Glendon, on distingue la charge simple, usitée en allure courante, et la charge double, pour le remplissage. La charge double se compose de 24 brouettées d'anthracite, 12 brouettées de laitier, 6 de castine et 12

de minerai. Le poids de la brouettée est toujours de 4 quintaux anglais (203 kilogrammes) pour toutes les matières. Après avoir fait 4 ou 5 doubles charges de la composition indiquée ci-dessus, on remplace 2 brouettées de laitier par 2 brouettées de minerai et une de castine, et on continue successivement cette substitution jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de laitier, et que le poids du minerai soit égal à celui du combustible.